La France a "déploré" lundi la condamnation à sept ans de prison de deux journalistes birmans de l'agence Reuters, la qualifiant de "sérieuse atteinte à la liberté de la presse et à l'État de droit" en Birmanie. "La France réitère son appel à leur libération et au respect de leurs droits fondamentaux, ainsi qu'au libre accès des médias dans l'État de l'Arakan", région de l'ouest du pays où vit la minorité musulmane rohingya persécutée, a déclaré lundi un porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
Londres s'indigne également. Londres a également réagi dans l'après-midi demandant la libération "immédiate" des journalistes de Reuters. "Dans toute démocratie, les journalistes doivent être libres d'exercer leur métier sans crainte ni intimidation. Ce verdict porte atteinte à la liberté de la presse en Birmanie", a déclaré un porte-parole de Downing Street. "Nous demandons la libération immédiate des journalistes".
L'ONU demande la libération "immédiate" des deux reporters. La cheffe de l'ONU pour les droits de l'Homme, Michelle Bachelet, qui a pris ses fonctions lundi, s'est exprimée sur ce dossier, demandant la libération "immédiate" des deux reporters. "J'ai été choquée. (...) Tout le procès était une parodie de justice", a déclaré l'ancienne présidente du Chili à un pool de journalistes. "Je pense que l'information qu'ils ont donnée sur le massacre était d'intérêt public", a-t-elle ajouté.
"J'exhorte donc le gouvernement de Birmanie à les libérer dès que possible, immédiatement", a-t-elle dit, indiquant peu après dans un communiqué qu'elle appelait à une libération "sans condition". "Leur condamnation fait suite à un processus juridique qui a clairement violé les normes internationales. Elle envoie le message à tous les journalistes de Birmanie qu'ils ne peuvent pas opérer sans crainte, mais qu'ils doivent plutôt choisir entre l'autocensure ou le risque de poursuites judiciaires", a-t-elle estimé.
Une enquête sur des massacres. Les deux reporters birmans de l'agence de presse, Wa Lone et Kyaw Soe Oo, sont accusés de s'être procuré des documents relatifs aux opérations ds forces de sécurité birmanes dans l'État Rakhine, région du nord-ouest de la Birmanie, théâtre du drame rohingya. Ils enquêtaient sur un massacre de membres de la minorité musulmane dans le village d'Inn Dinn. Quelques jours après leur arrestation, l'armée a reconnu que des soldats et des villageois bouddhistes avaient tué de sang-froid des captifs rohingya le 2 septembre 2017, et sept militaires ont été condamnés à dix ans de prison pour ce massacre.