Les événements ont provoqué de vives condamnations de la part de la communauté internationale. En Birmanie, les militaires sont de nouveau au pouvoir après avoir mené lundi un coup d'État, arrêté la cheffe de facto du gouvernement civil Aung San Suu Kyi, et proclamé l'état d'urgence pour un an. Mais ce putsch n'est pas une surprise, les rumeurs de coup d'État s'étant renforcées ces derniers jours, et la situation politique étant très tendue depuis le mois de novembre et les dernières élections législatives.
Une défaite électorale contestée par l'armée
Les militaires birmans menaçaient d’un recours à la force depuis ce scrutin qui s'est tenu le 8 novembre dernier, et au cours duquel le parti créé par l’armée a été sèchement battu, ses candidats n’ayant obtenu que 33 sièges sur les 476 que compte l’Assemblée, soit moins de 10%. Dans le même temps, le mouvement d’Aung San Suu Kyi a raflé plus de 80% des députés.
Un raz-de-marée, donc, en forme de plébiscite pour la "Dame de Rangoun", et un camouflet pour les militaires affaiblis politiquement. Au point que le chef d’état-major avait personnellement et publiquement remis en cause les résultats, dénonçant, sans la moindre preuve, des fraudes massives, et exigeant un recomptage des bulletins de vote. Une demande refusée par la commission électorale.
Les militaires sont donc intervenus lundi matin, quelques heures avant la prestation de serment du nouveau Parlement, et ont arrêté tous les ministres civils du gouvernement. Ils ont ensuite proclamé l’état d’urgence qui transfère les pouvoirs législatif, administratif, et judiciaire, au chef d’état-major des armées.
L'ouverture de ces dernières années restait timide
Si c'est bien les militaires eux-mêmes qui avaient accepté en 2016 la formation de ce gouvernement civil, ils l'avaient fait après 50 ans de dictature, après avoir été visés par d’énormes pressions internationales et afin d’obtenir la levée des sanctions qui étouffaient l’économie du pays. Ils avaient alors toléré la formation d’un gouvernement partiellement civil, dirigé par leur principale opposante, Aung San Suu Kyi, qu’ils avaient maintenue pendant plus de 15 ans en résidence surveillée.
L’ouverture restait toutefois timide, puisque les militaires conservaient la vice-présidence, les trois principaux ministères régaliens, ainsi que 25% des sièges de l’Assemblée, grâce à une constitution taillée sur mesure. Leur calcul était qu’en laissant la prix Nobel de la paix 1991 gouverner, mais sans qu’elle détienne les leviers du pouvoir, son immense capital de popularité finirait bien par s’épuiser. Le résultat des dernières législatives a prouvé le contraire, poussant l'armée à réagir violemment.