Le gouvernement nigérian a annoncé vendredi la condamnation de 45 djihadistes de Boko Haram, de trois à 31 ans de prison, lors d'un procès à huis-clos, dans le plus grand secret. Quelques 468 accusés ont été relaxés, par manque de preuves, mais devront "suivre un programme de déradicalisation et réhabilitation, avant d'être reconduits" dans leur région d'origine selon le ministre de l’Information, Lai Mohammed.
1.669 suspects devant un tribunal ad hoc. Les audiences se sont déroulées dans des tribunaux mis en place dans la base militaire de Kainji, dont l'accès est interdit à la presse pour des raisons de sécurité. Le ministre de l'Information n'a donné aucune indication quant à l'identité des personnes condamnées, ni leur nom, ni leur âge, ni les raisons de leur condamnation ou encore où elles avaient été arrêtées. Il a seulement révélé que les peines de prison ont été prononcées à la suite "des conclusions de la première phase du procès".
Au total, 1.669 suspects devraient passer devant ce tribunal ad hoc, qui a débuté ses audiences lundi : 1.631 hommes, 11 femmes, 26 jeunes garçons et une mineure. Le ministère de la Justice a également prévu de juger 651 personnes à Maiduguri, l'Etat du Borno, région épicentre du conflit. Elles se trouvent actuellement en détention dans les casernes militaires de Giwa.
L'ONU s'inquiète. Des milliers de personnes arrêtées sont détenues depuis des années sans avoir eu accès à un avocat ou sans avoir comparu devant un juge. En huit ans de conflit, seules 13 personnes avaient jusqu'à présent été jugées et neuf condamnées pour leurs liens avec Boko Haram, selon des chiffres officiels. L'armée a par ailleurs été accusée par les organisations de défense des droits de l'homme de nombreuses arrestations arbitraires et d'exécutions sommaires et l’ONU a manifesté son "inquiétude" devant ce "manque de transparence".