Bono, le leader du groupe de rock irlandais U2 qui avait pris la défense d'Aung San Suu Kyi lorsqu'elle était assignée à résidence par la junte birmane, appelle désormais à sa démission en raison de la crise liée aux Rohingyas.
Bono "écœuré". Le chanteur qui avait mis Aung San Suu Kyi à l'honneur dans la chanson Walk On, incitant ses fans à porter des masques de l'ancienne prix Nobel de la Paix en concert, s'est dit "écœuré" par les images des Rohingyas, une minorité musulmane persécutée en Birmanie et dont plus de 655.000 membres ont fui vers le Bangladesh depuis fin août.
"Je me suis réellement senti malade". "Je me suis réellement senti malade, parce que je n'arrive pas à croire tout ce que les faits révèlent. Mais il y a un nettoyage ethnique", s'est alarmé Bono dans le dernier numéro de Rolling Stone magazine. "C'est vraiment en train de se produire et elle doit démissionner parce qu'elle sait que c'est en train de se produire", a-t-il ajouté.
Absence de réaction de la part de l'ancienne prix Nobel. Aung San Suu Kyi est arrivée au pouvoir en 2016 et dirige de facto le premier gouvernement civil birman depuis des décennies. Jadis révérée à l'international, elle est désormais critiquée pour son peu d'empathie supposé pour le sort des Rohingyas. Elle doit cependant composer avec une armée qui reste très puissante, malgré l'autodissolution de la junte en 2011, et une opinion publique largement xénophobe et hostile aux musulmans.
Un appel à la démission. "Elle devrait, à tout le moins, s'exprimer davantage. Et si les gens n'écoutent pas, alors elle devrait démissionner", a insisté Bono dans son interview avec le fondateur du magazine Jann Wenner. "Peut-être qu'elle ne veut pas que le pays retombe aux mains des militaires. Mais c'est déjà le cas de toute manière si l'on en croit les photos", s'est désolé Bono.
L'armée birmane mène une opération militaire décrite par l'ONU comme une "épuration ethnique" dans l'État Rakhine (ouest), poussant à l'exode les membres de la plus grande population apatride du monde. Médecins sans frontières (MSF) a estimé qu'au moins 6.700 Rohingyas avaient été tués entre fin août et fin septembre dans l'Etat Rakhine.