Week-end encore très mouvementé en Algérie. Dimanche, les lycéens et les étudiants sont descendus dans la rue pour dire non au cinquième mandat d'Abdelaziz Bouteflika. Une manifestation qui s'est déroulée alors qu'on a appris que le chef de l'Etat rentrait en Algérie après avoir passé plus de deux semaines en Suisse, officiellement pour se soustraire à des examens de routine.
"C’est en Algérie qu’il est censé gérer la crise actuelle." Pour Louisa Aït Hamadouche, maître de conférences et chercheuse en sciences politiques à l'université d'Alger, "c'est un retour symbolique mais parfois les symboles ont leur importance". "La place d’un chef d’État est d’être dans son pays, surtout lorsque ce dernier connaît une situation aussi sensible que la situation actuelle. C’est en Algérie qu’il est censé gérer la crise actuelle."
Au-delà du symbole, il est "difficile" de dire si ce retour du président algérien sur ces terres a une signification politique. Il coïncide en tout cas avec la décision très attendue de la cour constitutionnelle algérienne qui doit valider les différentes candidatures à l'élection présidentielle, mercredi. "Il est certain qu’avant mercredi, nous aurons des éléments de réponses quant à ce que les gouvernants auront décidé de faire", affirme Louisa Aït Hamadouche. "Il y a une nécessité absolue de redonner son poids à l’autorité. Depuis trois semaines, il y a un sentiment de vide quant aux réactions gouvernementales qui se font très, très rares."
Elle note toutefois "des indices" pouvant apporter des premiers éléments de réponse, notamment "le changement radical de ton du chef d’Etat-major qui, de discours assez virulents à l’encontre des manifestants, est aujourd’hui beaucoup plus souple, au point de parler de quasi fusion entre le peuple et son armée".
"Les partis politiques face à une responsabilité qui pourrait bien être une responsabilité historique." La question aussi de savoir comment vont se positionner les partis d'opposition, "qui sont appelés aussi à, non seulement être à la hauteur de la situation, mais à faire des propositions à même de transformer les slogans que l’on entend depuis trois semaines dans la rue, en propositions politiques". Louisa Aït Hamadouche estime que "ce n’est pas à la rue de formuler des propositions", mais bien "aux partis politiques qui, aujourd’hui, sont face à une responsabilité qui pourrait bien être une responsabilité historique".