Le président brésilien Jair Bolsonaro a promis dans une lettre adressée jeudi à son homologue américain Joe Biden, de mettre fin à la déforestation illégale en Amazonie d'ici 2030 même si les surfaces déboisées n'ont cessé d'augmenter depuis son arrivée au pouvoir. Le dirigeant d'extrême droite a précisé que cet objectif ne pourrait être atteint qu'avec "des moyens importants" et qu'il espérait compter sur "tout le soutien possible" de la communauté internationale, des entreprises et de la société civile. "Nous voulons réaffirmer notre soutien sans équivoque aux efforts entrepris par votre Excellence (Biden) et notre engagement à éradiquer toute déforestation illégale au Brésil d'ici 2030", a écrit le président brésilien.
Une politique environnementale régulièrement critiquée
Jair Bolsonaro prendra part les 22 et 23 avril à un sommet virtuel sur le climat organisé par Joe Biden, avec une quarantaine de dirigeants mondiaux. Le Brésil s'était déjà engagé à mettre fin à la déforestation illégale d'ici 2030 au moment de signer l'accord de Paris sur le climat, en 2015. Mais sa capacité à tenir ces engagements a été mise en doute avec l'arrivée au pouvoir en janvier 2019 de Jair Bolsonaro, favorable à l'exploitation minière et agricole de réserves naturelles et de territoires indigènes.
Au cours de son mandat, la déforestation et les feux de forêt en Amazonie ont atteint des niveaux extrêmement préoccupants. Entre août 2019 et juillet 2020, période de référence utilisée pour compiler les données officielles par satellite, la déforestation a augmenté de 9,5% par rapport aux 12 mois précédents, avec une surface déboisée équivalente à celle de la Jamaïque. La politique environnementale du gouvernement Bolsonaro est régulièrement critiquée par les écologistes, qui s'inquiètent notamment de réductions drastiques de budget et de personnel d'agences environnementales comme l'Ibama.
Ouverture au dialogue
Le président a également eu de vifs échanges avec le président français Emmanuel Macron au moment des feux de forêt qui ont ravagé l'Amazonie en 2019. Le ton est aussi monté plus récemment entre Jair Bolsonaro et Joe Biden: en septembre, lors d'un débat avant la présidentielle américaine, ce dernier avait évoqué la possibilité de sanctions économiques si la déforestation continuait à augmenter au Brésil.
Mais le président brésilien semblait plus ouvert au dialogue dans sa lettre de jeudi au président américain, se disant "prêt à travailler avec la communauté internationale pour la protection de l'environnement et le développement durable en Amazonie". Mercredi, six jeunes militants écologistes ont lancé une action en justice contre le gouvernement Bolsonaro, qui a revu à la baisse en décembre ses engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le cadre de l'Accord de Paris. La semaine dernière, un collectif d'ONG et de représentants de l'agronégoce au Brésil avait déjà réclamé au gouvernement des objectifs "plus ambitieux" pour lutter contre le réchauffement climatique.