Si le Royaume-Uni entame sa nouvelle vie hors de l'Union européenne, pour ces Britanniques installés en France, hors de question de revenir au bercail. Alors que le Brexit est devenu une réalité vendredi avec le départ du Royaume-Uni de l'UE, et qu'une nouvelle phase de transition s'ouvre désormais pour définir les contours de la future relation entre les deux parties, plusieurs expatriés prennent les devants et ont d'ores et déjà déposé une demande de naturalisation pour obtenir un passeport français.
"Je ne me sens pas déserteur, mais je trouve qu'on peut vivre avec deux nationalités", explique ainsi à Europe 1 Maureen, qui a engagé les démarches à peine le Brexit voté en 2016. Si la procédure s'est révélée être un vrai parcours du combattant, il fallait cela pour que cette conseillère municipale du petit village de Mont-Saint-Éloi, dans le Pas-de-Calais, puisse à nouveau se présenter aux prochaines élections dans sa commune. "Je ne vais pas dire que je suis Française comme un Français", poursuit-elle, "mais j'ose plus". "Avant, j'étais dans un pays hôte. Maintenant, j'ai le droit de parler, de dire ce que je pense". Et d'ajouter : "Pour le village, on se sent encore plus intégré qu'on ne l'était".
"Continuer de circuler sans avoir le soucis de traverser la frontière"
Marié à une Française et vivant à Lille, Robert, ingénieur logiciel pour l'industrie aéronautique et salarié en Belgique, sera de son côté sûr de travailler sans problème en Europe avec son futur passeport français. "J'ai pu travailler en Allemagne, en Belgique, à Paris", raconte-t-il au micro d'Europe 1. "C'était simple. Je voulais pouvoir continuer de pouvoir circuler sans avoir les soucis de traverser la frontière chaque jour, et de penser à ce problème de libre circulation".
De l'autre côté de la Manche, les Français installés en Grande-Bretagne pour y travailler comptent eux aussi demeurer dans leur terre d'adoption. "Ce Brexit est plutôt un soulagement pour eux", note Régis Le Sommier, directeur adjoint de Paris Match, qui leur consacre un long reportage. "Tout ce qui a agité l'Angleterre ces dernières années n'a pas été très bon pour eux, et ils sont rassurés de voir que leur statut d'exilé sera conservé".
De plus, ajoute-t-il, "ils ont leur vie la-bas. Et certains disent : 'On est mieux en Angleterre, quand on voit ce qu'il se passe en France avec la crise des gilets jaunes'".