Des douaniers de Calais et Dunkerque étaient lundi en grève du zèle "illimitée" à l'appel d'une intersyndicale pour faire la "démonstration de ce qui va se passer avec le Brexit", créant de longues files d'attente de poids-lourds. Sur plusieurs km de l'A16 menant au tunnel sous la Manche, de longues files de camions patientaient quasiment à l'arrêt, en milieu d'après-midi, on constaté des journalistes de l'AFP.
En amont de Calais, les autorités laissaient passer au compte-goutte les camions arrivant de Dunkerque, retenus sur 4 km et stockés sur la file de gauche de l'A16, a indiqué la préfecture, précisant que seuls quatre migrants avaient tenté de monter dans les camions. Les forces de l'ordre craignaient que ces bouchons n'amènent de nombreux migrants à essayer de grimper dans les poids-lourds.
L'intersyndicale revendique une revalorisation des heures de nuit. "Les agents font une application stricte des règlements, font des contrôles plus poussés", a rapporté David-Olivier Caron, secrétaire général CFDT-Douanes, qui a appelé à ce mouvement conjointement avec la CGT et l'Unsa. "Le Brexit est un catalyseur d'un malaise plus profond, la pénibilité du travail, la dangerosité et la nature de nos missions", a-t-il ajouté, demandant à être reçu par le ministre de l'Action et des Comptes publics Gérald Darmanin. Selon lui, environ 300 agents travaillent à Calais (au port et à l'Eurotunnel) et une soixantaine au port de Dunkerque.
Dans le détail, l'intersyndicale revendique une revalorisation des heures de nuit ("à 7 euros brut contre 1,80 aujourd'hui"), une revalorisation de la prime de risque et plus d'agents supplémentaires pour le Brexit, a précisé Philippe Bollengier (CGT).
"Ça va être un très gros effort de réinstaller une frontière". "Si la Grande-Bretagne devient un pays tiers, il y aura des contrôles plus approfondis. Vous avez la pleine démonstration aujourd'hui de ce qui va se passer : on estime que les effectifs supplémentaires de 700 agents pour l'ensemble de la France sont insuffisants", a-t-il expliqué. "Ça va être un très gros effort de réinstaller une frontière avec très peu de moyens supplémentaires", a renchéri Vincent Thomazo, secrétaire général Unsa-douanes, espérant que ce mouvement fasse "boule-de-neige" ailleurs en France.