Le tableau que dresse Tony Blair du Royaume-Uni à deux mois de la date officielle du Brexit est bien sombre. "C'est toujours la confusion ; nous ne savons pas de quoi sera faite demain la relation entre le Royaume-Uni et l'Europe", assure le Premier ministre dans le JDD cette semaine. Pour lui, une seule solution : organiser un second référendum sur cette question sensible.
"Les Britanniques y voient beaucoup plus clair". "Avant d'entériner le divorce, la moindre des choses serait de redemander aux citoyens ce qu'ils veulent vraiment", explique Tony Blair. "Les citoyens britanniques y voient beaucoup plus clair qu'en 2016, quand ils ont voté le Brexit. L'inquiétude monte. Notre monnaie a été dévaluée d'au moins 12%, notre croissance fléchir, nos investissements chutent." Autant de raisons qui, selon l'ancien Premier ministre, pourraient donner un résultat de référendum radicalement différent aujourd'hui.
Le spectre du "no deal". Alors que la sortie officielle du Royaume-Uni de l'Union européenne est prévue le 29 mars prochain, le spectre d'un "no deal", c'est-à-dire une sortie sans accord, se rapproche. Le premier projet d'accord négocié par la Première ministre, Theresa May, avec les 27 membres de l'UE, n'a pas été adopté par son Parlement en janvier dernier. Depuis, la conservatrice ne parvient pas à négocier une deuxième version susceptible de rencontrer plus d'approbation au sein de la classe politique britannique. La situation semble donc bloquée. Si rien ne change, alors le Royaume-Uni sortira brutalement de l'UE le 29 mars sans avoir prévu de période de transition, ni de relations commerciales et diplomatiques spécifiques avec ses anciens alliés.
Une "catastrophe" mais peu d'alternatives. "Ce serait une catastrophe", prévient Tony Blair dans le JDD. "Mais je ne pense pas qu'il y aura un Brexit dur, car la majorité des parlementaires veut aboutir à un accord, et beaucoup de ministres seraient prêts à démissionner si Theresa May tente de sortir sans accord." Reste qu'un deuxième référendum est difficilement envisageable. Non seulement la Première ministre n'en veut pas, car cela signifierait pour elle trahir la volonté exprimée par ses citoyens en 2016, mais même l'opposition travailliste n'est pas au diapason sur cette question. "Nous devrions être unanimes", reconnaît Tony Blair. "Mais il y a une coupure entre les dirigeants du parti, qui sont contre l'Europe, et la base des adhérents, qui restent pro-européens."