Theresa May doit révéler lundi le résultat des discussions menées pour tenter d'obtenir des modifications à l'accord de divorce avec l'Union européenne, à la veille d'un vote crucial des députés britanniques et à moins de trois semaines de la date prévue du Brexit.
Deux mois après un premier camouflet. Il y a deux mois, la Chambre des communes avait rejeté à une majorité massive l'accord conclu fin novembre par la dirigeante conservatrice avec Bruxelles, la renvoyant à la table des négociations. Mais alors que les députés se préparent à voter une seconde fois sur le texte, il apparaît de plus en plus que Theresa May n'aura pas grand chose à leur présenter, ouvrant la voie à une nouvelle défaite humiliante.
"Un territoire douanier unique" qui déplaît aux partisans d'un Brexit dur. Des discussions techniques se sont poursuivies tout au long du week-end dans la capitale belge, mais n'ont donné lieu à aucune annonce. Theresa May se tient cependant prête à se rendre dans la journée à Bruxelles pour valider toute avancée. Le principal point d'achoppement des discussions réside dans le "filet de sécurité", un dispositif de dernier recours visant à éviter le retour d'une frontière physique en Irlande du Nord, afin de préserver les accords de paix de 1998 et l'intégrité du marché unique européen. Il consiste à créer un "territoire douanier unique", englobant l'UE et le Royaume-Uni, ce que rejettent les partisans d'une rupture nette avec l'UE.
"Huit semaines d'échec". Les dirigeants européens ont refusé de rouvrir les négociations sur le texte de l'accord de divorce. Vendredi, le négociateur en chef de l'UE sur le Brexit Michel Barnier a déclaré être prêt à "donner une force juridique" contraignante, par le biais d'un "communiqué interprétatif conjoint", à l'engagement maintes fois répété de tout faire pour que le "backstop" ne s'éternise pas.
Dans ces circonstances, "il est inévitable que cet accord de retrait inchangé sera rejeté une nouvelle fois", ont prédit dans le Sunday Telegraph le député conservateur Steve Baker et son collègue Nigel Dodds, du petit parti nord-irlandais DUP, allié de Theresa May au Parlement. Le porte-parole sur le Brexit du Labour, principal parti d'opposition, Keir Starmer, a lui raillé "huit semaines d'échec" dans les discussions avec Bruxelles, qui ont mené "strictement nulle part".
Une sortie sans accord ou un report du Brexit ? Un rejet de l'accord pourrait signifier que le Royaume-Uni quittera l'UE dans le chaos le 29 mars, après 46 ans d'une relation souvent houleuse. Il pourrait aussi aboutir à un report de la sortie. Si le texte devait effectivement être rejeté une nouvelle fois mardi, Theresa May a décidé d'organiser un vote mercredi sur la possibilité de sortir de l'UE sans accord. Si les députés refusent cette option, ils voteront jeudi sur une proposition de report "limité" du Brexit, au-delà du 29 mars. Mais les 27 pays de l'UE devront donner leur accord et les dirigeants européens ont prévenu que pour être accepté, tout report devra être dûment justifié.