L'avenir du Royaume-Uni hors de l'UE est incertain. 2:47
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Didier François édité par Guilhem Dedoyard , modifié à
Le Royaume-Uni va définitivement quitter l'Union européenne dans la nuit du 31 décembre, après des mois de rebondissements. Mais l'avenir du pays est désormais flou. Les politiques nationale et surtout internationale que va mener la Grande-Bretagne restent à déterminer, mais les difficultés semblent nombreuses.
ANALYSE

À quoi va ressembler le Royaume-Uni hors de l'Union européenne ? Cette nuit à 23 heures à Londres et minuit sur le continent, la Grande-Bretagne aura définitivement quitté l’Union européenne, 47 ans après son adhésion. Le Premier ministre Boris Johnson exulte, lui qui avait promis de mettre en œuvre le Brexit s’il était élu. C’est enfin chose faite, avec un accord obtenu la veille de Noël. Et si celui-ci donne des pistes sur la relation future du pays avec l'Union européenne, ce que sera le Royaume-Uni dans les prochaines années reste encore à clarifier.

Quelle politique au-delà des slogans ?

Avant le Brexit, il y a eu des slogans de campagne, nombreux, à commencer par le concept assez vague de "Global Britain", qui était le mot d’ordre des Brexiters. Sans oublier le "take back control", avec l'idée de reprendre en main la destinée du pays, reconquérir sa souveraineté et être enfin libérés des pesanteurs de l’Union européenne. Mais à l'époque aucun gouvernement britannique n’a vraiment pris le temps d’imaginer concrètement les conséquences de cette rupture. 

Boris Johnson n'a pas dit autre chose mercredi devant les députés, considérant que s’ouvrirait dès 2021 un nouveau chapitre de l’histoire nationale : celui d’un Royaume-Uni libéral triomphant, tourné vers le monde extérieur et agissant pour le bien. Avant cela, il avait promis à ses compatriotes un nouvel âge d’or qui transformerait Londres en un petit Singapour sur les rives de la Tamise, donc une sorte de miracle économique dopé par la finance qui profiterait de sa position géographique en lisière de l’immense marché européen.

Mais au-delà des mots, la question est de savoir s'il y a une politique. La Grande-Bretagne a sauté à pieds joints dans le vide et s’est déchirée pendant presque cinq ans sur les modalités de la rupture, quitte à oublier de réfléchir à ce qui arriverait par la suite. Les vraies discussions sur l’avenir du pays ne vont commencer que maintenant. Et il va falloir trouver un plan qui n'existe pas encore. Ce qui inquiète les responsables politiques britanniques.

Quelles relations internationales sans l'Union européenne ? 

La Grande-Bretagne semble désireuse d'entretenir des liens resserrés avec le Commonwealth ou d'en appeler à la communauté de destin avec les Etats-Unis, qui étaient la place du Royaume-Uni au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Mais les Etats-Unis de Joe Biden ne seront pas ceux de Donald Trump. Ils ne feront pas forcément de cadeaux particuliers à la Grande-Bretagne parce qu’elle a quitté l’Union européenne. Les négociations avec la Chine, maintenant que le Royaume-Uni est seul, seront elles aussi moins facile que dans un cadre européen, à moins d’accepter de larges concessions.

Même la City, qui était la principale place financière d’Europe, va désormais dépendre du bon vouloir de Bruxelles puisqu’il va lui falloir obtenir des équivalences pour pouvoir continuer à fonctionner dans le marché unique. Le Royaume-Uni est un pays qui oscille entre la sixième et la huitième économie mondiale avec une population de seulement 60 millions d’habitants, ce qui n’est pas rien mais demeure loin des espoirs suscités par le Brexit en 2016.