Israël a mené samedi une série d'attaques aériennes en Syrie, frappant des cibles militaires syriennes mais aussi "iraniennes". L'Etat hébreu a perdu l'un de ses appareils au cours de cette opération. Il s'agit du plus sévère accès de tensions impliquant ces trois pays depuis des années. C'est aussi la première fois que l'armée israélienne reconnaît ouvertement avoir visé des cibles "iraniennes" depuis le début de la guerre chez le voisin syrien, où l'Iran, ennemi juré d'Israël, aide militairement le régime de Bachar al-Assad.
Pourquoi cette brusque montée des tensions ?
Viol de l’espace aérien israélien. L'accès de fièvre a été provoqué samedi avant l'aube par l'intrusion dans l'espace aérien israélien d'un drone iranien lancé de Syrie, selon l'armée israélienne. De son côté, le commandement conjoint des forces alliées du régime syrien - dont l'Iran et le Hezbollah libanais - a démenti dans un communiqué toute violation de l'espace aérien israélien.
L’Iran conteste l’intrusion. À Téhéran, les Affaires étrangères ont dénoncé les "mensonges" d'Israël, destinés à "couvrir ses crimes dans la région". "Les allégations à propos du survol d'un drone iranien sont trop ridicules". Mais l'armée israélienne affirme avoir entre les mains les débris du drone. Elle a publié une vidéo de sa destruction, ainsi que celle d'un véhicule en Syrie participant à sa mise en œuvre. L'intrusion du drone constitue "la violation la plus flagrante et la plus grave de la souveraineté israélienne de la part de l'Iran ces dernières années, c'est pourquoi la riposte israélienne est aussi forte", a indiqué le lieutenant-colonel Jonathan Conricus, porte-parole de l’armée israélienne. L'engin, suivi par la surveillance israélienne depuis son lancement d'une "base iranienne" proche de Palmyre en Syrie, a été abattu par un hélicoptère Apache au-dessus de la vallée du Jourdain, a précisé l'armée.
Comment s’est déroulée la série d’attaques lancées par Israël ?
Israël perd un F16 au combat. En représailles de cette intrusion, huit appareils israéliens ont attaqué des éléments du système de lancement du drone, toujours selon le porte-parole de l’armée israélienne. Ils ont atteint leur cible mais ont essuyé un tir de barrage "massif" de la DCA syrienne. Ces tirs sont probablement à l’origine du crash d’un F16 israélien qui est tombé dans la région de la vallée de Jezreel, au nord du territoire israélien. Les deux pilotes se sont éjectés et ont été récupérés et hospitalisés, a dit l'armée. L'un d'eux est dans un état grave, l'autre est légèrement blessé. C'est la première fois depuis 30 ans, selon le quotidien israélien Haaretz, que l’Etat hébreu perd un F-16 au combat.
Une série de raids en Syrie. L'aviation israélienne a lancé une seconde vague de raids, une attaque "de grande envergure", frappant 12 objectifs, y compris trois batteries de défense anti-aériennes et quatre cibles "appartenant au dispositif militaire iranien en Syrie". À Damas, l'agence officielle Sana a affirmé que la DCA avait repoussé les avions israéliens, faisant état de raids contre des installations militaires près de Damas, dans le centre et le sud du pays. Selon le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), Rami Abdel Rahmane, des raids israéliens ont visé l'est de la province de Homs (centre), une région où sont présents, a-t-il dit, des forces iraniennes et des membres du Hezbollah, autre bête noire d'Israël.
Où en sont les relations entre Israël et la Syrie ?
La présence iranienne en Syrie inquiète Israël. Depuis le début de la guerre en Syrie, Israël veille à ne pas être aspiré dans le conflit, tout en frappant ponctuellement des positions du régime syrien ou des convois d'armes à destination du Hezbollah, autre soutien militaire de Bachar al-Assad et allié de l'Iran. Israël et la Syrie restent officiellement en état de guerre. Les relations sont d'autant plus tendues que trois ennemis d'Israël opèrent sur le théâtre syrien : le régime lui-même, le Hezbollah et l'Iran. Leur proximité a déjà donné lieu à de sérieux accrochages. Israël a par ailleurs déjà attaqué en 2017 des sites iraniens en Syrie, selon des informations de presse. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu n'a cessé de mettre en garde contre l'expansion de l'Iran dans la région, et de prévenir qu'Israël ne permettrait pas que sa présence en Syrie menace ses intérêts.
Un garde-fou russe ? Benjamin Netanyahu s'emploie ardemment à pousser la Russie, autre acteur du conflit et allié du régime syrien, à contenir les agissements de Téhéran. Le mois dernier à Moscou, il a souligné devant le président Vladimir Poutine le "danger" de voir l'Iran prendre pied militairement en Syrie et y produire des armes de précision. Mardi, il a répété ses avertissements. "Nous sommes pour la paix, mais nous sommes prêts à tous les scénarios et nous ne conseillons à personne de nous chercher".