Facebook a "trahi la confiance" des Européens en permettant l'utilisation à leur insu de leurs données personnelles lors du scandale Cambridge Analytica, ont estimé jeudi les eurodéputés dans une résolution votée à une large majorité.
Les eurodéputés veulent "plus de transparence". "Facebook a non seulement trahi la confiance des citoyens de l'Union, mais aussi enfreint le droit de l'Union", écrivent les élus européens dans ce texte non contraignant. Les eurodéputés réclament "plus de transparence" au groupe de Menlo Park et l'invitent à autoriser deux organes de l'UE - l'Agence européenne chargée de la sécurité des réseaux et de l'information (ENISA) et le comité européen de la protection des données - à mener "un audit complet et indépendant de sa plateforme". "L'utilisation abusive des données à caractère personnel bafoue les droits fondamentaux de milliards de personnes dans le monde", estiment-ils.
"Un grand risque pour la démocratie". Cette résolution parlementaire fait suite au scandale Cambridge Analytica, l'entreprise accusée d'avoir exploité à leur insu les données de dizaines de millions d'utilisateurs de Facebook à des fins politiques, notamment pour faire gagner le Brexit au Royaume-Uni et Donald Trump à la présidentielle en 2016. "L'existence d'interférences dans les élections constitue un grand risque pour la démocratie", écrivent les eurodéputés, qui réclament l'interdiction du "profilage à des fins politiques et électorales" et une régulation des publicités politiques.
"L'affaire Facebook/Cambridge Analytica a été à bien des égards un signal d'alarme pour nous tous", avait souligné mardi lors d'un débat en séance plénière la commissaire européenne aux Consommateurs, Vera Jourova. "Les périodes électorales sont particulièrement sujettes à la désinformation et à la manipulation par des intérêts privés ou étrangers", avait-elle ajouté, soulignant que les prochaines élections européennes en mai n'étaient "pas à l'abri de cette menace".
Excuses de Zuckerberg. Le PDG du géant d'internet en personne, Mark Zuckerberg, s'était rendu à Bruxelles en mai pour présenter des excuses devant le Parlement européen, comme il l'avait fait devant les parlementaires américains, pour les lacunes de son réseau social. Mais ses excuses, formulées quelques jours avant l'entrée en vigueur du Règlement européen de protection des données (RGPD), un texte européen pour protéger les données personnelles en ligne, avaient été jugées insuffisantes. "Nous partageons les valeurs du RGPD", avait réaffirmé mercredi Mark Zuckerberg lors d'une intervention enregistrée, diffusée lors d'une conférence à Bruxelles sur la protection des données.
"Nous sommes reconnaissants au Parlement européen pour les nombreuses occasions qui nous ont été données de venir expliquer les changements que nous avons apportés à notre plateforme. Nous travaillons sans relâche pour assurer la transparence, la sûreté et la sécurité des personnes qui utilisent Facebook", a réagi Facebook dans un courrier à l'AFP après le vote au Parlement. Début octobre, l'Irlande a procédé à la première application majeure du RGPD, en ouvrant une enquête après l'annonce du piratage de 50 millions de comptes Facebook.