Après la galerie des Glaces du Château de Versailles mercredi, le souverain britannique n'a pas été dépaysé dans cette ancienne résidence princière et ses dorures, occupée par Marie de Médicis au XVIIe siècle. Dans une effusion rarement observée dans cette chambre des territoires - les services du Sénat ont été submergés de demandes d'accréditation -, les quelque 300 sénateurs et députés rassemblés dans l'hémicycle ont poussé une exclamation à l'arrivée de la Bentley royale dans la cour de la présidence, sous une pluie très "british". Et l'ovation, à l'entrée et à la sortie du roi, a duré plusieurs minutes, malgré quelques sièges restés vides parmi les 348 que compte la salle.
Des rires nombreux
Les rires ont également été nombreux, lorsque le président du Sénat Gérard Larcher, hôte de cette matinée, a cité Charles de Gaulle confiant à Winston Churchill : "Plus vous progressez en français, et plus vous comprenez mon anglais."
Idem quand Charles III a "présenté (ses) excuses" pour avoir interrompu la rentrée parlementaire de l'Assemblée, et la campagne des élections sénatoriales de dimanche.
Tous n'ont pas accueilli cette venue avec la même approbation. "Le 21 septembre n'est pas un jour pour écouter un roi. Il est celui durant lequel on fête l'anniversaire de la République", a écrit sur X (ex-Twitter) le sénateur communiste Pierre Ouzoulias, en référence à l'abolition de la monarchie par un décret des députés de la Convention le 21 septembre 1792. Le groupe communiste n'a d'ailleurs envoyé qu'un sénateur à ce discours.
Un souverain "très chaleureux"
Également froissé, le syndicat CGT des collaborateurs parlementaires a regretté d'avoir été prié de rester confiné dans les bureaux pendant la visite royale, une "infantilisation intolérable" selon eux. Le protocole, néanmoins, concernait tout le monde : même les parlementaires ont dû s'installer très tôt dans l'hémicycle, puis patienter quelques minutes après le discours de Charles III, le temps que la délégation s'en aille.
La plupart d'entre eux ont d'ailleurs apprécié ce discours hautement symbolique dans la salle des séances, le premier d'un souverain britannique. "C'est un moment très important, une visite pleine de symboles. Le fait d'avoir tenu à venir au Sénat n'est pas anodin", assure le sénateur Christian Cambon, président de la commission des Affaires étrangères, qui a vu un souverain "comme on l'imaginait : très chaleureux, avec beaucoup de simplicité, qui vous regarde et vous sourit".
Les plus anciens parlementaires étaient déjà là le 6 avril 2004, lorsque la reine Elizabeth II s'était adressée aux représentants des deux chambres depuis la prestigieuse salle des Conférences qui jouxte l'hémicycle, anciennement nommée salle... du Trône.
À l'époque, la reine s'était vu offrir une orchidée "unique" crée dans les serres du jardin du Luxembourg. Jeudi, Charles est reparti avec un pot de miel récolté dans les ruches installées sur place. Rien ne dit s'il contenait de la gelée royale.