Le président chilien Sebastian Pinera a annoncé samedi un vaste remaniement de son gouvernement, au lendemain d'une manifestation historique dans le pays contre les inégalités sociales. "J'ai demandé à tous les ministres de remettre leur démission pour pouvoir former un nouveau gouvernement et pouvoir répondre à ces nouvelles demandes", a déclaré le chef de l'Etat dans un message à la nation.
"Nous sommes dans une nouvelle réalité"
Plus d'un million personnes ont défilé vendredi au Chili pour protester contre les inégalités du modèle économique chilien et réclamer plus de justice sociale. "Nous sommes dans une nouvelle réalité. Le Chili est différent à celui que nous avions il y a une semaine", a ajouté le chef de l'Etat. Il s'agit du troisième remaniement gouvernemental en un peu plus d'un an et demi mis en oeuvre par le président conservateur, entré en fonction en mars 2018.
M. Pinera a également annoncé une levée de l'état d'urgence dimanche si "les circonstances le permettent" afin de "contribuer à cette normalisation que tant de Chiliens désirent et méritent". L'état d'urgence avait été décrété le 18 octobre à la suite de violentes émeutes, point de départ d'une vague de contestation sociale sans précédent dans ce pays de 18 millions d'habitants, réputé en Amérique latine pour sa stabilité politique et économique.
"Il n'y aura plus de couvre-feu à partir de maintenant"
La mesure, très décriée par les manifestants, avait permis le déploiement de milliers de militaires dans les rues de la capitale et de plusieurs régions du pays pour assurer l'ordre public - une première depuis la fin de la dictature d'Augusto Pinochet (1973-1990). L'armée a également annoncé samedi la suspension du couvre-feu en vigueur dans la capitale depuis une semaine.
"Il a été évalué que les conditions actuelles nous permettent de décider qu'il n'y aura plus de couvre-feu dans la RM (région métropolitaine) à partir de maintenant", a fait savoir l'armée dans un communiqué. Le détonateur de ce mouvement social sans précédent a été l'augmentation de plus de 3% du prix du ticket de métro. Malgré la suspension de la mesure, la colère sociale n'est pas retombée.