Le geste était attendu depuis des dizaines d'années par le pays africain. Vendredi, pour la première fois, l'Allemagne a reconnu avoir commis "un génocide" contre les populations des Hereros et Namas en Namibie, entre 1904 et 1908, pendant l'ère coloniale. Privés de leurs terres et de leur bétail, les Hereros s'étaient révoltés en 1904 contre les colons allemands. Envoyé pour mater la rébellion, le général allemand Lothar von Trotha avait ordonné leur extermination. Les Namas s'étaient soulevés un an plus tard et avaient subi le même sort. Au total, au moins 60.000 Hereros et environ 10.000 Namas ont perdu la vie entre 1904 et 1908.
Femmes et enfants abattus systématiquement
Cette décision de l'Allemagne est l'aboutissement de six années de négociations entre le gouvernement allemand et les représentants de ces peuples namibiens persécutés par les autorités du Reich de Guillaume II. Les textes de l'époque le prouvent : il y avait bien une volonté politique d'exterminer les Hereros et Namas, avec des ordres écrits pour abattre systématiquement les femmes et les enfants. Les autres étaient enfermés dans des camps dans le désert, dont les nazis reprendront ensuite le modèle à plus grande échelle.
113 ans après, l'Allemagne reconnaît donc sa responsabilité politique et morale, et s'engage à payer des réparations avec un fond de développement, un peu plus d'un milliard d'euros versé sur 30 ans. Un "pas dans la bonne direction", selon le gouvernement namibien. "C'est la base de la deuxième étape, qui consiste à présenter des excuses, suivies de réparations", a estimé son porte-parole.
Les descendants de victimes insatisfaits
Mais les descendants des victimes ne sont pas satisfaits, car ils voulaient des dédommagements versés individuellement. "Nous n'accepterons aucun accord conclu entre ces deux gouvernements", a déclaré à l'AFP, Mutjinde Katjiua, représentant de l'Autorité traditionnelle herero. Selon lui, et selon la communauté Nama, Berlin et Windhoek préparent un arrangement "dénué de sens et bradé".
Mais symboliquement, avec l'utilisation du mot de génocide, une étape est passée. Cette reconnaissance doit être actée dans un texte que le ministre allemand des Affaires étrangères doit signer dans les prochaines semaines à Windhoek, en Namibie. Et avant la fin de l'année, lors d'un voyage officiel, le président allemand Frank-Walter Steinmeier ira demander officiellement pardon lors d'un discours en Namibie.