Donald Trump a menacé jeudi l'Union européenne (UE) de conséquences "graves" sur le plan économique si elle ne négociait pas avec les États-Unis un accord commercial alors que les eurodéputés se sont opposés jeudi à l'ouverture des discussions entre les deux pays.
"S'ils ne nous parlent pas, nous allons prendre des mesures qui seront graves économiquement. Nous allons imposer des taxes douanières sur de nombreux produits entrant" aux États-Unis, a déclaré le président républicain. "L'Union européenne nous traite de manière très, très injuste", a-t-il également estimé. "Ils négocient. Sinon, nous prendrons des mesures qui seront bonnes pour les États-Unis", a poursuivi l'hôte de la Maison-Blanche, qui menace toujours d'imposer des tarifs douaniers notamment sur le secteur automobile.
Le Parlement européen se déchire sur la question. Les eurodéputés, incapables d'adopter une position commune, ont infligé jeudi un revers à la Commission européenne sur le dossier sensible des discussions commerciales entre Bruxelles et Washington. Le Parlement européen "a rejeté le rapport (…) sur la question de savoir s'il fallait recommander de débuter des pourparlers commerciaux avec les États-Unis", mais "il n'y a pas de position du Parlement européen sur le sujet", a précisé le service de presse de l'institution après le vote. Le Parlement n'a pour l'instant qu'un rôle consultatif sur cette question, mais il aura en revanche le dernier mot une fois l'accord ficelé.
Ce camouflet est une mauvaise nouvelle pour les États membres et la Commission européenne, qui attendaient le soutien des eurodéputés. La commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, avait dit espérer "une décision rapide" des États membres après le vote du Parlement.
Des négociations dans l'impasse. L'UE et les États-Unis s'efforcent depuis des mois de concrétiser l'entente commerciale annoncée fin juillet par le président américain, Donald Trump, et le chef de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, notamment en négociant un accord commercial limité aux biens industriels. Cette annonce avait permis une trêve dans les tensions entre les deux parties, au moment où Donald Trump menaçait de taxer lourdement l'industrie automobile européenne. Mais la pression est remontée depuis que Donald Trump a reçu le 20 février un rapport de son ministère du Commerce sur l'industrie automobile, au contenu toujours confidentiel.
"Si nous ne trouvons pas un accord (commercial avec l'UE), nous imposerons des tarifs douaniers" sur les voitures, avait menacé le président américain quelques jours plus tard. Le lancement de ces négociations achoppe aussi sur le fait que Washington entend inclure l'agriculture, ce que refusent les Européens, inquiets de voir arriver sur leur marché du bœuf aux hormones ou des produits génétiquement modifiés. "Les États-Unis ne peuvent pas avoir un accord commercial avec l'Europe qui ne traite pas de l'agriculture. Eux sont d'avis qu'un accord ne doit pas comporter ce volet", avait averti mardi le négociateur commercial en chef de Donald Trump, Robert Lighthizer.