"J’ai constaté avec un certain plaisir, amusement, satisfaction, oui bonheur, qu’il semble qu’il n’est pas très facile de me remplacer". Jean-Claude Juncker avait le sourire dans la nuit de jeudi à vendredi à Bruxelles. Mais le futur ex-président de la Commission européenne était bien le seul. Car les délicates négociations engagées au sommet européen pour trouver une personnalité acceptable afin de lui succéder ont échoué, et sommet de crise a été convoqué pour le 30 juin.
"Je n’ai pas le sentiment d’avoir vécu un échec", a pour sa part tenté de relativiser Emmanuel Macron devant la presse. " J’ai depuis le début une position claire sur les noms. Il est apparu clairement qu’il n’y avait pas de majorité possible sur les noms initialement considérés. Cela ne m’étonne pas. Donc maintenant, il faut, dans la semaine qui vient, construire le consensus pour, le 30 juin prochain, pouvoir avoir un accord, pour avoir cette équipe d’Europe qui porte ce projet qui permet de rassembler les différentes familles politiques et qui porte une ambition commune."
"Hier j'étais prudemment optimiste. Aujourd'hui je suis davantage prudent qu'optimiste"
"Il n'y a eu de majorité sur aucun candidat. Nous nous retrouverons le 30 juin. Je vais poursuivre les consultations", a donc annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi le président du Conseil Donald Tusk à l'issue de la première journée du sommet. Les maigres espoirs de parvenir à une solution avaient été douchés par Donald Tusk à l'issue d'un entretien avec le président français Emmanuel Macron et la chancelière allemande Angela Merkel. "Hier j'étais prudemment optimiste. Aujourd'hui je suis davantage prudent qu'optimiste", avait-il annoncé sur son compte Twitter après sa rencontre avec les deux dirigeants.
Last round of consultations on appointments before the start of #EUCO. Yesterday I was cautiously optimistic. Today I’m more cautious than optimistic. pic.twitter.com/AbRqfpPaYT
— Donald Tusk (@eucopresident) 20 juin 2019
Emmanuel Macron refuse la nomination du prétendant défendu par Angela Merkel, l'Allemand Manfred Weber, 46 ans, candidat désigné par le Parti Populaire Européen (droite). Le sommet s'était ouvert avec un camouflet infligé à Angela Merkel : l'annonce par les chefs des groupes Socialiste et centriste Renew Europe au Parlement européen qu'ils ne soutiendraient pas la candidature de Manfred Weber en cas de vote, signifiant la fin de ses espoirs de réunir une majorité pour pouvoir présider la Commission européenne.
Manfred Weber contesté mais maintenu
Emmanuel Macron s'est dit satisfait de ce lâchage. Mais Angela Merkel a refusé de le donner pour acquis. Elle a réaffirmé son soutien au système des "Spitzenkandidaten" désignés par chaque famille politique pour prétendre à la présidence de la Commission européenne et laissé entendre qu'aucune décision ne serait prise sur les nominations au cours du sommet.
Le PPE a décidé de maintenir la candidature de Manfred Weber, ont expliqué ses dirigeants. "Manfred Weber n'est pas mort, j'ai déjeuné avec lui", a lancé, caustique, le président du Parlement, l'Italien Antonio Tajani, membre du PPE. Les deux autres prétendants sont le Néerlandais Frans Timmermans pour les Socialistes et la Danoise Margrethe Vestager pour les Libéraux-centristes de Renew Europe. L'élu, qui succèdera le 1er novembre au Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, devra obtenir le soutien de 21 des 28 dirigeants européens et rallier une majorité d'au moins 376 voix au Parlement.