Laurent Ségalat, un chercheur français, pourra rester libre tant qu'il ne traverse pas les frontières. Le ministère de la Justice a notifié aux autorités suisses son refus d'incarcérer le généticien, a annoncé mardi un communiqué du Canton de Vaud. Le quinquagénaire a été condamné en 2012 en Suisse pour le meurtre de sa belle-mère.
Il quitte la Suisse pendant son procès. L'affaire remonte au soir du 9 janvier 2010. Laurent Ségalat a affirmé avoir trouvé l'épouse de son père agonisante chez elle dans un village près de Lausanne en Suisse. Le corps de la femme se trouvait au pied des escaliers, le crâne fracturé. Le chercheur a assuré avoir essayé de la ranimer, en vain. Laurent Ségalat avait tardé à prévenir la police qui l'avait immédiatement interpellé étant donné l'incohérence de ses déclarations.
Emprisonné plus de deux ans jusqu'à son jugement en première instance, le brillant chercheur avait ensuite été acquitté au bénéfice du doute. Lors du deuxième procès, il n'avait assisté à l'audience que le premier jour, puis était resté chez lui en France craignant d'être arrêté. A l'issue du procès, la cour l'avait condamné à 16 ans de prison (ramené à 14 ans par la suite) mais Laurent Ségalat n'a pas pu être incarcéré. Son dernier recours devant la Cour européenne des droits de l'homme a été jugé irrecevable. Depuis, les autorités suisses n'ont jamais obtenu l'extradition du généticien.
Mardi, les autorités françaises ont tranché définitivement la question. "Le 15 mai, les autorités françaises ont communiqué à l'Office fédéral de la Justice que la peine privative de liberté prononcée en Suisse ne peut être exécutée en France selon les bases légales existant actuellement en France (...) Cette décision ne peut faire l'objet d'aucun recours", précise le communiqué du Canton de Vaud en Suisse, sans faire davantage de commentaires.
Condamné à rester en France. Ce chercheur du CNRS, qui vit à Thonon-Les-Bains sur la rive française du Lac Léman, a toujours clamé son innocence. Si Gilles-Jean Portejoie, l'avocat de Laurent Ségalat, a dit sa satisfaction et son soulagement, il assure que son client "continuera à se battre pour que son innocence (...) soit définitivement reconnue".
La famille de la victime a de son côté laissé entendre sa colère : "La France ne conteste pas que Ségalat est un meurtrier. Notre grand voisin, chantre des valeurs démocratiques, nous apprend qu'un criminel peut, de fait, jouir de l'impunité", a déploré Me Jacques Barillon. "Ségalat est l'objet d'un mandat d'arrêt international. Mettrait-il un pied hors de France, il serait interpellé et extradé en Suisse pour y purger sa peine. Je doute évidemment qu'il commette cette imprudence", souligne l'avocat.