Mardi, une étape historique a été franchie dans l'histoire des deux Corées. Les deux Etats ont en effet repris contact pour déterminer la participation aux JO d'hiver d'athlètes nord-coréens mais aussi discuter de possibles retrouvailles entre des familles séparées depuis la trêve dans la guerre de Corée, en 1953. Séoul a même déclaré envisager une levée temporaire des sanctions de l'ONU visant Pyongyang. Une rencontre exceptionnelle qui vient relancer les espoirs de paix après presque 70 ans de confrontations. Retour en 4 dates sur l'origine du désamour entre Coréens du Sud et Coréens du Nord.
En 1945, à Yalta, les Etats-Unis et l'URSS se partagent la Corée
La frontière qui sépare les deux Corées a été définie à la fin de la Seconde Guerre mondiale. C'est plus précisément sur les bords de la mer Noire, en Ukraine, que le sort des Coréens a été tranché en février 1945. Lors de la conférence de Yalta, les dirigeants des nations alliées, qui n'ont pas encore remporté le conflit, se rassemblent afin de déterminer l'après-guerre. Parmi eux, les deux Etats les plus puissants, les Etats-Unis et l'URSS, se partagent le gros des conquêtes à venir faites sur l'Allemagne et sur le Japon. Ce dernier a justement colonise la Corée depuis 1905.
Anticipant la future défaite du pays du Soleil Levant, Franklin Roosevelt et Joseph Staline se distribuent ses dépouilles, dont le territoire coréen. La division retenue est très simple : la frontière entre territoire sous protection américaine et territoire sous protection soviétique passera par le 38° parallèle. Cependant, il ne s'agit pas de colonisations mais de simples occupations. Lors de la conférence du Caire organisée en 1943, toujours par les pays alliés, le droit à la liberté et à l'indépendance des Coréens avait en effet été reconnue.
En 1948, l'ONU entérine la création de deux Corées
Les belles paroles de la Conférence du Caire sont vite enterrées dans le contexte de la Guerre froide qui s'installe entre les Etats-Unis et l'URSS. En 1947, des élections sont organisées par l'ONU afin de mettre en place le premier gouvernement du pays. Mais la partie nord, occupée par l'URSS, boycott ce scrutin. Pour les soviétiques en effet, l'ONU n'est qu'une marionnette aux mains des ennemis capitalistes. Résultat, le Sud, qui se choisit ses dirigeants et se proclame indépendant, devient la République de Corée en 1948. Le Nord organise ses propres élections remportées par la gauche et devient dans la foulée la République populaire démocratique de Corée.
En 1950, la guerre de Corée éclate
Les deux Corées deviennent alors les pantins des deux puissances mondiales qui se livrent une Guerre Froide. Pour l'URSS, une guerre surprise pourrait lui permettre de mettre la main sur la Corée du Sud. Le 25 juin 1950, l'armée nord-coréenne franchit le 38e parallèle et atteint très rapidement Séoul. Le jour même, l'ONU, saisie par les Etats-Unis, décident d'envoyer une force internationale. Sous commandement américain, cette armée lance une contre-offensive avec succès puisque fin octobre, elle atteint la frontière séparant la Chine et la Corée du Nord. Mais la Chine, devenue communiste quelques mois auparavant, décide d'intervenir dans le conflit pour soutenir Pyongyang. 180.000 de ses soldats entrent en territoire nord-coréen et repoussent l'armée des Nations-Unies sur le 38e parallèle. S'en suit alors une guerre de position très meurtrière (environ 5 millions de morts au total).
1953, l'armistice est signée... mais pas la paix
Si des premiers contacts sont instaurés dès 1951 entre les deux pays, il faut attendre 1953 et la mort du dirigeant soviétique Staline pour débloquer la situation. Le 27 juillet, à Panmunjon, située sur le 38e parallèle, la Corée du Sud et la Corée du Nord signent un traité d'armistice, mettant fin à une des guerres les plus meurtrières de la deuxième moitié du 20e siècle. Mais après la chute de l'URSS en 1991, les Corées ne se réunissent pas, elles se contentent de signer un accord de réconciliation et de reconnaissance mutuelle. La Corée du Nord y gagne en crédibilité : elle fait son entrée à l'ONU la même année. Mais son statut de dictature communiste la dessert dans le concert des nations. Malgré tout, elle continue à bénéficier du soutien de la Chine, bienheureuse d'avoir un état tampon la séparant de la Corée du Sud, où réside à l'année l'armée américaine.
La paix, elle, n'a toujours pas été signée entre Séoul et Pyongyang. En 2007, lors d'un sommet inter-coréen, le dirigeant du Nord, Kim Jong-il et son homologue du Sud, Roh Moo-Hyun se contentent de s'engager à promouvoir la paix. Le nouveau pas franchi mardi par les représentants des deux voisins vient l'illustrer.