Après dix jours d’affrontements meurtriers, Israël et le Hamas ont chacun annoncé jeudi soir avoir approuvé un accord de cessez-le-feu visant à mettre fin au conflit. Mais quelles vont être les conséquences à venir dans la vie politique israélienne ? Avant le début du conflit, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou était dans une position délicate. Sans majorité, il ne peut gouverner et doit se contenter d’expédier les affaires courantes.
"Il y a une crise de gouvernance terrible en Israël", a d’abord posé le politologue Gilles Kepel, spécialiste de l'islam et du monde arabe, samedi sur Europe 1. Benjamin Netanyahou est également poursuivi dans des affaires de corruption. "Il espère être de nouveau Premier ministre sinon il risque d’aller en prison", continue celui qui est également professeur à l'École normale supérieure.
"Une situation hallucinante" politiquement
"Pour former le nouveau gouvernement israélien, il y a dix députés arabes sur 120 députés à la Knesset (le parlement israélien). Jusqu'alors, ils étaient toujours dans une position antisioniste et donc de non-participation. Mais cette fois-ci, le chef des islamistes arabes israéliens, Mansour Abbas, a dit qu'il voulait bien négocier avec Netanyahou pour lui permettre d'avoir les 61. Mansour Abbas a finalement dit non et s'est tourné vers l'autre groupe qui conteste le pouvoir de Netanyahou, composé d’un mélange de partis de centre-gauche, d'extrême-droite et de dissidents. On se retrouve alors dans une situation hallucinante où un député islamiste allait être celui qui faisait la politique israélienne et qui allait décider du choix du Premier ministre", a développé le politologue.
"Le Premier ministre israélien ressort renforcé de cette affaire"
L’opposition a donc finalement refusé de s’allier à Netanyahou. "Ce qui fait que le Premier ministre israélien ressort assez renforcé de cette affaire, puisque s'il n'y a pas d'accord, il y aura des élections dans quelques mois. En attendant, il reste Premier ministre, donc il est sûr de ne pas aller en prison", analyse Gilles Kepel. "De son côté, le Hamas apparaît comme pseudo vainqueur de l'opération parce que Mahmoud Abbas et le Fatah ne sont plus audibles. Le paradoxe, c'est que 'Bibi' Netanyahou d'un côté, et le Hamas de l'autre, tirent les marrons du feu".