COP29 : les pays approuvent des règles pour les transactions carbone entre pays

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avec AFP / Crédit photo : Jakub Porzycki / NurPhoto / NurPhoto via AFP , modifié à
Lors de la COP29 à Bakou, une décision clé a été prise pour rendre opérationnel l'article 6 de l'Accord de Paris, permettant aux pays, principalement riches, d'atteindre leurs objectifs climatiques en achetant des crédits carbone auprès de nations en développement. 

Les pays riches pourront désormais remplir leurs objectifs climatiques en payant des pays d'Afrique ou d'Asie au lieu de réduire leurs propres émissions de gaz à effet de serre, grâce à l'adoption à la COP29 samedi de nouvelles règles, déjà suspectées de "greenwashing". Cette décision, prise samedi soir par les pays réunis à la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou et accueillie par des applaudissements, intervient après des années d'un débat épineux sur le commerce de crédits de réduction des émissions de carbone.

Un "greenwashing" à grande échelle ?

Jusqu'ici, les crédits carbone étaient surtout utilisés par les entreprises désireuses d'annuler leurs émissions pour se revendiquer neutres en carbone, un marché qui a échappé à toutes règles internationales et fut marqué par de nombreux scandales, entre manque d'efficacité et atteintes aux populations locales.

Désormais, pour atteindre leurs objectifs climatiques découlant de l'accord de Paris, des pays, principalement les riches pollueurs, pourront acheter des crédits carbone en signant des transactions directement avec d'autres pays "bons élèves" qui surpasseraient leurs propres objectifs. Cette faculté était prévue par l'article 6.2 de l'accord de Paris, le socle de l'action climatique mondiale. Des experts craignent que ces mécanismes permettent aux Etats de se déclarer plus vertueux qu'ils ne le sont vraiment, créant un "greenwashing" à grande échelle.

"Ce n'est rien d'autre qu'une victoire pour les grands pollueurs et les cow-boys du carbone, et une perte pour les populations et la planète", a réagi auprès de l'AFP Erika Lennon, avocate au Centre pour le droit international de l'environnement (CIEL). D'un autre côté, les pays en développement, en Afrique et en Asie, comptent grandement sur ces transactions pour obtenir des financements internationaux.

La Suisse pionnière 

Concrètement, les pays riches financeraient des activités qui réduisent les émissions de gaz à effet de serre dans les pays plus pauvres: planter des arbres, remplacer des véhicules thermiques par des électriques, ou réduire l'utilisation du charbon. Il revient ensuite aux pays riches d'enregistrer dans leur propre bilan carbone la réduction correspondante d'émissions. Anticipant le feu vert de Bakou, 91 accords bilatéraux ont déjà été signés, principalement par le Japon, la Corée du Sud ou Singapour, pour 141 projets pilotes, selon l'ONU.

La Suisse est pionnière en la matière. Elle a par exemple signé avec le Ghana pour réduire les émissions de méthane provenant des déchets, ou avec la Thaïlande pour financer des bus électriques à Bangkok, seule transaction déjà réalisée. "C'est important qu'on réduise le plus vite possible. Si on a la possibilité de faire une réduction (d'émissions) à l'étranger et en même temps les aider, c'est gagnant-gagnant", a dit à la COP29 le ministre suisse de l'Environnement, Albert Rösti.

Mais pour ses détracteurs, cela revient pour des pays riches à signer des chèques plutôt que de réduire les émissions chez eux. "C'est la plus grande menace contre l'accord de Paris", dit Injy Johnstone, chercheuse spécialisée sur la neutralité carbone à l'université d'Oxford.