A Pyongyang, on peut acheter des tomates à des petits commerçants, trouver du Coca sur certains marchés et même changer au noir des devises étrangères : quoi qu'en disent les autorités, l'économie nord-coréenne est bel et bien en train d'évoluer.
Le changement économique est en marche. Officiellement, le régime suit toujours à la lettre la doctrine du Juche, qui repose notamment sur l'autosuffisance économique et qui a été édictée par le fondateur du régime, Kim Il-Sung. Mais le changement économique est en marche, estiment les analystes. Il fut une époque où l'on pensait que le Nord se débrouillait mieux que le Sud. Des décennies de mauvaise gestion ont fait plonger ce pays où les pénuries alimentaires sont désormais chroniques. Pendant ce temps-là, la Corée du Sud a connu une croissance fulgurante.
Economie de marché ? Un des traits saillants de la capitale est l'absence quasi totale d'affiches publicitaires dans ses avenues, où l'on peut cependant admirer des fresques massives à la gloire des soldats héroïques et des travailleurs infatigables et méditer des slogans enthousiastes : "Suivons les décisions du 7e Congrès du Parti des travailleurs de Corée". "Nous sommes un pays socialiste, ce qui fait que nous nous tenons sur le plan économique aux principes socialistes", explique Ri Sun-Chol, directeur de l'Institut de recherches économiques à l'Institut des sciences sociales de Pyongyang. "Nous ne cherchons pas à mettre en oeuvre des réformes économiques pour aller vers une économie de marché."
Essor du secteur privé. Pourtant, certaines décisions prises par l'actuel leader Kim Jong-Un vont exactement dans cette direction, estiment des chercheurs étrangers. De nombreuses fermes collectives ont ainsi été démantelées, leurs terres redistribuées à des particuliers sous le vocable d'"unité de travail basée sur la famille", ce qui a permis une hausse sensible de la production. Au-delà de ce qu'ils sont tenus de produire pour l'Etat, les dirigeants d'usines ont reçu l'autorisation de rechercher leurs propres fournisseurs et clients. Enfin, certains experts estiment que le secteur privé nord-coréen pourrait à présent peser un quart, voire la moitié du PIB.