Le bilan de l'épidémie de coronavirus a franchi la barre des 1.000 morts en Chine, tandis que le président Xi Jinping, le visage recouvert d'un masque de protection, a appelé lundi à des mesures "plus fortes et décisives" contre la maladie. Le nombre de morts en Chine dus au nouveau coronavirus est monté à 1.011, après l'annonce de 103 nouveaux décès dans la province du Hubei, ont annoncé les autorités mardi au petit matin.
L’épidémie est apparue en décembre dans un marché de Wuhan (centre). Elle a contaminé plus de 42.200 personnes selon le dernier bilan quotidien. Le président chinois s'est rendu lundi dans un quartier résidentiel de Pékin pour assister aux efforts de lutte contre la contagion et visiter un hôpital.
Des critiques du gouvernement
Dans un long reportage diffusé au journal télévisé du soir, il a évoqué la situation à Wuhan, placée de facto en quarantaine depuis le 23 janvier, ainsi qu'une grande partie de sa province, le Hubei, où se comptent le plus grand nombre de victimes. "L'épidémie au Hubei et à Wuhan reste très grave", a-t-il reconnu, appelant à prendre "des mesures plus fortes et décisives pour enrayer résolument l'élan de la contagion".
Son gouvernement a déjà pris des mesures radicales en interdisant à quelque 56 millions d'habitants du Hubei de quitter la province. Mais le pouvoir a également été critiqué pour avoir tardé à réagir à l'épidémie et avoir même réprimandé des lanceurs d'alerte pour "propagation de rumeurs". La mort vendredi de l'un d'entre eux, un médecin de 34 ans, a donné lieu à d'inhabituels appels à la liberté d'expression. Deux hauts responsables du Hubei (centre) ont été limogés, a annoncé mardi la télévision d'Etat, après des critiques de l'opinion sur leur gestion de la crise
L'inquiétude à l'international
En dehors de la Chine continentale, le virus a en outre tué deux personnes, une aux Philippines et une autre à Hong Kong. Plus de 320 cas de contamination ont été confirmés dans une trentaine de pays et territoires. Le gouvernement britannique a classé lundi le nouveau coronavirus en "menace grave et imminente pour la santé publique" et annoncé quatre nouveaux cas, portant à huit le nombre de personnes atteintes au Royaume-Uni. Ce classement autorise Londres à prendre des mesures pour lutter contre la contagion. Dans ce cadre, les personnes atteintes de coronavirus peuvent être mises en quarantaine de force si elles constituent une menace pour la santé publique.
Les ministres européens de la Santé se réuniront en urgence jeudi à Bruxelles pour discuter de mesures coordonnées contre l'épidémie. L'expansion du virus hors de Chine pourrait s'accroître avec la transmission de la maladie par des personnes n'ayant jamais voyagé dans ce pays, a prévenu dimanche le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "Nous ne voyons peut-être que la partie émergée de l'iceberg", a averti Tedros Adhanom Ghebreyesus, alors qu'une "mission internationale d'experts" de l'OMS est arrivée lundi en Chine.
De son côté, le président américain Donald Trump s'est voulu rassurant : "D'ici avril, ou au cours du mois d'avril, la chaleur en général tue ce genre de virus", a-t-il déclaré depuis la Maison Blanche. "Ce serait une bonne chose".
Une reprise timide du travail en Chine
En Chine même, la sortie du président Xi coïncide avec une timide reprise du travail lundi en dehors des régions sous quarantaine, même si les étudiants restent en vacances et que les entreprises sont incitées à laisser leurs employés travailler à domicile. À Pékin comme à Shanghai, la circulation automobile connaissait un léger regain d'activité, même si les deux mégapoles restaient très loin de leurs embouteillages habituels.
Le métro de Pékin n'enregistrait que 50% de sa fréquentation normale pour un jour de semaine, selon les médias publics.