Avec 106 contaminations en quelques jours, le marché pékinois de Xinfadi est devenu le centre des préoccupations de la Chine. 8:07
  • Copié
Ugo Pascolo, Sébastien Le Belzic (depuis Pékin) , modifié à
Avec 106 contaminations en quelques jours, le marché pékinois de Xinfadi est devenu le centre des préoccupations de la Chine. Au micro d'Europe 1 ce mardi, les spécialistes François Godement et Didier Pittet font le point sur la situation pékinoise. Ils tentent également également de répondre à la question d'une éventuelle nouvelle pandémie qui pourrait atteindre la France. 
DÉCRYPTAGE

Pas moins de 106 contaminations, dont 27 en 24 heures. Le coronavirus a refait surface à Pékin durant ces cinq derniers jours autour du marché de Xinfadi, dans le sud de capitale. Une situation "extrêmement grave" selon la mairie, qui rappelle forcément celle de Wuhan, l'épicentre de la pandémie. Le gouvernement, qui prend le phénomène très au sérieux, a déjà ordonné le reconfinement d'une vingtaine de quartiers résidentiels, la fermeture de 11 marchés de produits frais et a fait tester 200.000 personnes.

Une "situation idéale pour que la contamination puisse s'étendre"

Des mesures drastiques motivées non seulement par la situation épidémiologique qu'a connu le pays ces derniers mois, mais aussi parce que ce marché constitue une "situation idéale pour que la contamination puisse s'étendre", explique ce mardi au micro d'Europe 1 François Godement, conseiller pour l'Asie à l'Institut Montaigne. "C'est un marché de cinq hectares où les clients, et les marchands, allaient et venaient depuis les provinces chinoises. Sans compter qu'il est situé près d'une gare", détaille ce spécialiste de la Chine.

Un lieu de vie très important donc, où se croise quotidiennement des milliers de personnes, rendant encore plus compliquée la détection des personnes contaminées par le Covid-19. Et si "Pékin est la région de Chine la plus protégée de ce point de vue là", François Godement pointe avec étonnement qu'il y ait "si peu de cas en Chine depuis quelques temps". De là à dire que le gouvernement trafique les chiffres ? Le spécialiste botte en touche et préfère se concentrer sur sa seule certitude : "L'épidémie n'est pas éradiquée, elle est en train de devenir endémique et elle peut revenir."

"Une petite affaire"

Mais la situation pékinoise est-il si inquiétante que cela ? Non, à en croire Didier Pittet, infectiologue et épidémiologiste aux Hôpitaux Universitaires de Genève, qui évoque "une petite affaire" compte tenu "de la dimension de la ville et du marché". Pékin a mis "tous les moyens pour comprendre d'où peut venir ce premier cas, qui en a engendré une centaine d'autres. Ils ont testé 200.000 personnes en deux jours", rappelle-t-il. "On a un gouvernement chinois qui a régit très activement à une situation qui n'est pas encore préoccupante."

Pragmatique, celui qui est également expert pour l’OMS reste toutefois l’œil rivé sur les résultats de ces centaines de milliers de tests qui devraient être rendus sous 24 à 48 heures. "Si 10 ou 20% sont positifs, la situation sera différente, mais aujourd'hui ce n'est pas le cas."

Une nouvelle vague qui peut atteindre la France ? 

Quant à savoir si cette "petite épidémie" peut traverser les frontières jusqu'en France, Didier Pittet affirme qu'il est "encore beaucoup trop tôt pour le dire", et martèle : "C'est de la rapidité du déclenchement des mesures dont dépend le contrôle des foyers et je crois que l'on a une connaissance des événements prouvant que c'est pris très au sérieux. Attendons les résultats des tests et nous verrons alors s'il s'agit de s'inquiéter réellement."