Le nombre des décès confirmés dus au coronavirus chinois est passé à 362 morts, soit davantage que pour l'épidémie de Sras en 2002-2003 (349 en Chine continentale), après que les autorités de la province du Hubei ont annoncé lundi 56 nouveaux décès. Dans son point quotidien, la commission provinciale de la Santé a aussi fait état de 2.103 nouveaux cas confirmés d'infection dans le Hubei, foyer de la nouvelle épidémie. Ces cas supplémentaires portent à plus de 17.200 le nombre total des infections confirmées dans l'ensemble de la Chine, selon les chiffres officiels.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les Philippines ont signalé dimanche la mort à Manille d'un Chinois de 44 ans, originaire de la ville de Wuhan où l'épidémie de pneumonie virale a démarré en décembre. "Il s'agit du premier décès signalé en dehors de la Chine", a déclaré le représentant de l'OMS aux Philippines, Rabindra Abeyasinghe. Cette annonce survient alors qu'un nombre croissant de pays ferment leurs frontières aux personnes venant de Chine. Le virus s'est propagé dans 24 pays.
Les pays du G7 vont se concerter pour apporter une réponse "uniforme" face à l'épidémie, a annoncé dimanche le ministre allemand de la Santé. "Nous sommes convenus qu'il doit y avoir une conférence téléphonique des ministres de la Santé du G7", a expliqué Jens Spahn.
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et son allié russe vont tenir une réunion technique mardi et mercredi à Vienne pour analyser la baisse des cours du brut en lien avec l'épidémie, a indiqué dimanche à l'AFP une source proche de l'organisation.
Frontières fermées
Les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Irak et Israël notamment ont interdit l'entrée sur leur territoire aux étrangers s'étant récemment rendus en Chine. La Mongolie, la Russie et le Népal ont fermé leurs frontières terrestres avec la Chine et la Papouasie-Nouvelle Guinée a fermé mercredi ses ports et ses aéroports à tous les voyageurs en provenance d'Asie.
Le décès aux Philippines a été annoncé juste après que Manille eut décrété l'arrêt immédiat des arrivées de tous les voyageurs étrangers depuis la Chine. Pour leur part, la Grande-Bretagne, la Russie et la Suède ont annoncé leurs premiers cas confirmés durant le week-end.
Parallèlement, les opérations de rapatriement d'étrangers se trouvant en Chine se poursuivent : un deuxième avion français ramenant des étrangers de 30 nationalités différentes depuis Wuhan a atterri dimanche sur une base militaire dans le sud-est de la France. Au Maroc, un avion transportant 167 Marocains de Wuhan a atterri dans la matinée à Benslimane, entre Rabat et Casablanca.
En Italie, un avion militaire a décollé dimanche de Rome à destination de Wuhan, d'où il doit rapatrier 67 personnes. L'Algérie a aussi annoncé qu'elle allait rapatrier, à la demande de leurs gouvernements, dix Tunisiens et des étudiants libyens toujours à Wuhan, avec les 36 Algériens, majoritairement des étudiants, qui s'y trouvent bloqués.
Un groupe de Brésiliens de Wuhan a demandé à leur président Jair Bolsonaro, via une vidéo, leur rapatriement. Ils affirment qu'aucun n'a "de symptômes de l'infection" et se disent prêts à être placés en quarantaine. Le gouvernement brésilien a assuré qu'il les rapatrierait.
En Chine, selon un dernier décompte annoncé dans la nuit de dimanche à lundi, le nombre de morts s'élevait à 362, dont 57 décès lors de la journée de dimanche. Il y a désormais eu en Chine continentale plus de morts dus à ce coronavirus qu'à l'épidémie de Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), qui y avait fait 349 victimes. Le nombre d'infections confirmées en Chine a aussi grimpé à plus de 17.200, dépassant largement celui du Sras, qui avait tué, au total, 774 personnes, majoritairement en Chine continentale et à Hong Kong.
Pékin a pris des mesures sans précédent pour limiter les déplacements des personnes. Depuis le 23 janvier quelque 56 millions d'habitants sont confinés dans la province du Hubei et sa capitale Wuhan (11 millions d'habitants) où le virus a déjà contaminé 661 personnes.
Wenzhou confinée
Dimanche, le confinement a été étendu à Wenzhou (prononcer Wenn-djo), ville portuaire de plus de 9 millions d'habitants située à quelque 800 km à l'est de Wuhan. Avec 265 cas de contamination, Wenzhou est l'une des villes chinoises les plus touchées. Les habitants ont désormais l'obligation de rester chez eux. Seule une personne par foyer est autorisée à sortir une fois tous les deux jours pour faire les courses. Les transports publics sont suspendus ainsi que les autocars longue distance. Les grands axes routiers sont presque entièrement fermés.
Ce virus est apparu au pire moment pour la Chine, des centaines de millions de Chinois voyageant lors des congés du Nouvel An lunaire qui a commencé officiellement le 24 janvier. Ces congés devaient prendre fin vendredi mais ont été prolongés jusqu'à lundi pour donner plus de temps aux autorités contre la crise. Même si le Hubei et certaines grandes villes comme Shanghai ont encore rallongé les vacances, de nombreux habitants regagnaient leur domicile dimanche.
Une jeune femme de 22 ans, arrivant dans une gare de Pékin en provenance du nord-est, explique que sa famille souhaitait qu'elle retarde son retour. "Mais je craignais que cela n'affecte mon travail", déclare-t-elle.
Du Guiliang, un agent de sécurité originaire également du nord-est, dit reprendre le travail dès dimanche. "De nombreux collègues (du Hubei) n'ont pas pu revenir. Maintenant, ceux qui travaillent de jour dans notre entreprise doivent aussi faire le travail de nuit", explique-t-il.
Selon l'agence Chine nouvelle, les autorités ont ordonné des contrôles de température à tous les points de sortie et d'entrée de la capitale. La température est aussi contrôlée dans des stations de métro et de nombreux bureaux et cafés.
La Chine, qui souffrait déjà d'un ralentissement de sa croissance avant l'épidémie, a annoncé dimanche l'injection de 1.200 milliards de yuans (156 milliards d'euros) pour soutenir son économie. La banque centrale effectuera l'opération lundi à la réouverture des marchés financiers chinois après le long congé du Nouvel An lunaire, prolongé en raison du virus.
L'OMS a classé jeudi l'épidémie comme "une urgence de santé publique de portée internationale" et de nombreux pays ont annoncé des mesures exceptionnelles.