Tandis que la situation sanitaire en France se dégrade, le gouvernement multiplie ses consultations. Un Conseil de défense sanitaire se réunit ce mercredi et pourrait trancher quant à de nouvelles mesures de restriction, au niveau local ou national. Ailleurs, en Europe, des choix différents ont été faits en termes de gestion de l'épidémie du Covid-19, à l'image de la Suède. Dans ce pays, aucun confinement n'a été mis en place, même au plus fort de l'épidémie au printemps dernier. Une stratégie invariable, décryptée sur Europe 1 qui s'est rendue dans ce pays nordique qui donne sur place une impression spectaculaire d'être hors du temps.
Une exception européenne
Là-bas, les bars et restaurants sont ouverts, à condition d'être quatre à table. Quant aux salles de sports et aux centres commerciaux, ils n'ont jamais fermé leurs portes. Très peu de Suédois portent le masque dans la rue. Il est seulement recommandé dans les transports en commun aux heures de forte affluence. Les autorités de Stockholm, la capitale, ont néanmoins recommandé en février dernier l'utilisation du masque dans les transports publics, quel que soit le moment de la journée, et dans les lieux clos lorsque la distance sociale ne peut être maintenue, face à la crainte d'une troisième vague.
Si des mesures sont en vigueur, la Suède fait tout de même figure d'exception face aux restrictions des voisins européens, et attire des étrangers du Vieux-Continent ou du monde entier. "Les restrictions en Espagne m'ont plus touché que le virus lui-même. Ici, ce qui interpelle le plus et qui est très agréable, c'est qu'on n'est pas obligé de porter le masque", confie Iker, 20 ans, originaire de Bilbao en Espagne. "Je compte bien rester jusqu'à ce que les choses s'améliorent chez moi ou jusqu'à ce que je m'ennuie ici."
Responsabilité individuelle et recommandations
La doctrine suédoise est basée sur la responsabilité individuelle, associée à quelques recommandations. La principale : la distanciation physique, respectée à la lettre. Les concentrations de population ne sont cependant pas du tout les mêmes qu'en France. Les Suédois sont aussi beaucoup plus disciplinés : quand on leur demande de moins se tasser dans les transports en commun, ils s'exécutent.
Dans les écoles, davantage de précautions sont prises : dès qu'un enfant tousse un peu, ou qu'il a de la fièvre, les parents doivent le garder pendant une semaine à la maison. Quant au télétravail, il est très bien appliqué. Pierre et Victoire sont Français. Ces cadres vivent avec leurs trois enfants à Stockholm depuis quatre ans. Même s'ils ont conscience que ce modèle serait difficilement transposable en France, notamment pour des raisons culturelles, ils sont très heureux d'avoir vécu cette période en Suède.
"On n'a pas le sentiment d'être infantilisés"
"On n'a pas du tout souffert d'une privation de liberté, à aucun moment. Tous nos amis qu'on a au téléphone en France sont extrêmement déprimés, ont beaucoup souffert de cette situation et continuent à en souffrir alors que moi je n'ai jamais entendu un tel témoignage en Suède", confient-t-ils.
"Et ici, il n'y a pas de surprise. On n'attend pas l'allocution de la semaine prochaine ou de dans deux jours pour savoir à quelle sauce on va être mangé. On sait que, globalement, ils vont peut-être augmenter un peu les restrictions ici ou là mais ça ne va pas radicalement changer nos vies. Et en plus, on n'a pas le sentiment d'être infantilisés", ajoute le couple de cadres.
Un choix et quelques critiques
Avec 13.000 décès, rapporté aux 10 millions d'habitants, la Suède a enregistré un peu moins de morts par habitants qu'en France, où deux confinements ont déjà été instaurés. Mais tout n'est pas idyllique. Il y a dix fois plus de morts dans le pays qu'en Norvège ou en Finlande. Chez les deux voisins nordiques, davantage de restrictions étaient en vigueur. Enfin, 75% des lits de réanimation sont actuellement occupés.
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Certaines critiques commencent également à apparaître, notamment entre les générations. Ken a 74 ans. Il vit avec sa femme dans une maison isolée. Prudent, il fait ses courses une fois par semaine avec un masque et n'a pas vu ses petits-enfants depuis un an. Il peste contre le comportement de certains. "Nous, on est habitués à respecter les recommandations, mais pas les adolescents ni les jeunes. Du coup, on voit de plus en plus de fêtes le week-end avec des centaines de personnes réunies. C'est totalement fou !", s'agace-t-il.
Pour le moment, le gouvernement ne préfère pas s'attarder sur ces divisions : hors de question de changer de stratégie face au Sars-Cov-2. Certains estiment ici qu'il en va de la fierté nationale.