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Sébastien Le Belzic (à Pékin) et Nina Droff, édité par Juline Garnier , modifié à
En Chine, la stratégie "zéro Covid" est peut-être en train de trouver ses limites. Interdiction de sortie, fermeture des lieux publics, logements réquisitionnés en centre de quarantaine... À Shanghai, face aux mesures drastiques, la population est tout simplement à bout. Une population excédée et affamée qui n'hésite plus à affronter les policiers.
REPORTAGE

Les autorités chinoises sont-elles en train de perdre le contrôle ? Selon le dernier décompte Covid, Shanghai comptabilise dix morts. Un bilan étonnamment léger pour la ville la plus peuplée de Chine et qui dénombre chaque jour 20.000 nouveaux cas, soit la pire flambée épidémique depuis le début de la crise. Un confinement drastique a été mis en place, avec des interdictions de sortie, la fermeture des lieux publics et des logements réquisitionnés en centre de quarantaine. D'un bout à l'autre de la mégalopole, des scènes de révolte des habitants exaspérés émergent un peu partout.

Sur une vidéo diffusée sur le réseau social chinois WeChat, on voit des dizaines de personnes affronter des policiers équipés de boucliers et vêtus de combinaisons intégrales de protection. Des hurlements percent les rues de la ville confinée. Les habitants refusent que leur logement soit réquisitionné et transformé en centre de quarantaine. Car dans toute la ville, des parcs d'exposition, des gymnases, des bureaux et même des immeubles d'habitation sont ainsi transformés en centre d'isolement, avec plus de 200.000 lits.

"Nous sommes vraiment prisonniers de cet endroit"

Beaucoup d'habitants disent manquer de nourriture. Parmi eux, plus de 7.000 Français, comme Mathieu Laurent, confiné chez lui avec sa petite fille de 2 ans et sa femme sur le point d'accoucher. Il veut absolument quitter la ville. "Nous sommes vraiment prisonniers de cet endroit pour l'instant. On a vraiment l'impression, quand on connaît un peu l'histoire de la Chine, de retourner dans la révolution culturelle. Et on se dit : foutons le camp le plus rapidement possible", raconte-t-il au micro d'Europe 1.

Catherine, franco-écossaise, confie elle aussi un quotidien irrespirable. "Les premiers jours, il n'y avait pas de livraison, on ne pouvait pas se faire livrer. Mais depuis peut-être une semaine maintenant, ça va beaucoup mieux. On arrive à se faire livrer assez facilement, on a l'essentiel. Il nous arrive d'être testés deux fois dans la journée. Obligation de faire l'autotest le matin avec le test PCR l'après-midi", explique l'expatriée.

"On a du mal à savoir à quoi ça rime. C'est test, sur test, sur test. Et puis, on ne voit pas trop en effet quand est-ce que l'on va pouvoir sortir", ajoute-t-elle. Il est pour le moment impossible de partir. Les routes sont fermées, l'armée a été déployée dans la ville et des drones patrouillent entre les gratte-ciels pour rappeler aux habitants de ne pas crier par les fenêtres. Des scènes qui se répètent dans tout le pays. 373 millions de personnes sont confinées, soit le quart de la population.