Au regard du nombre d'habitants, le Portugal est devenu le pays au monde le plus touché par le coronavirus. Officiellement, le bilan total de la pandémie est de 13.257 morts, dont près de la moitié depuis le début de l'année seulement. Il y a quelques jours encore, cette partie de la péninsule ibérique enregistrait plus de 16.500 nouvelles contaminations par jour pour une population d'un peu plus de 10 millions d'habitants. Et si les chiffres ont légèrement baissé ces dernières heures, l'accalmie n’est pas encore arrivée jusqu’aux hôpitaux, toujours surchargés. Europe 1 s'est rendue sur place.
Un manque de prudence durant les fêtes de fin d'année
Dans le service de réanimation de l’hôpital Santa Maria, le plus grand de Lisbonne, une centaine de lits occupent la "zone Covid", et ils sont tous occupés par des patients plus jeunes qu'en France. Les Portugais paient le relâchement des fêtes de fin d’année, lors desquelles restaurants et bars sont restés ouverts. "Pendant la première vague, le Portugal a été épargné par rapport au reste de l’Europe, ce qui a rendu les gens trop confiants. Beaucoup de mes patients m’ont dit qu’ils avaient probablement attrapé le virus à Noël, pendant des dîners entre amis, en famille, sans masque", rapporte à Europe 1 Sergio, un médecin épuisé par cinq jours de travail non-stop. "Ils ne m’ont pas dit qu’ils regrettaient, mais je l’ai vu dans leurs yeux", ajoute-t-il.
"La crise ne fait que révéler des failles qui ont été négligées pendant des années !"
Catarina, médecin, l’avoue : le personnel soignant est contraint de trier les patients, trop nombreux pour le peu de respirateurs. Selon elle, le système de santé déjà fragile du Portugal se retrouve brisé par l’épidémie. "La crise ne fait que révéler des failles qui ont été négligées pendant des années ! Et ça, nos politiciens ne le réalisent que maintenant. Nous manquons de personnel et de matériel, c’est le problème", déplore-t-elle.
Si la baisse des contaminations au cours des dernières 24 heures fait miroiter une lueur d'espoir, les hôpitaux s'attendent encore à vivre deux semaines particulièrement difficiles. Et pour éviter l'engloutissement, le pays se tourne désormais vers l’Europe : 26 soignants allemands sont arrivés mercredi en renfort, avec du matériel médical.