Une cellule d'enquêteurs dédiée à l'Ukraine a été constituée au sein de l'office chargé des crimes contre l'humanité (OCLCH). Une décision prise dans le but de centraliser les dossiers concernant des soupçons de crimes de guerre perpétrés dans ce pays, a expliqué mardi à l'AFP le général Jean-Philippe Reiland, patron de l'office.
Appel à témoignages
Actuellement, cette cellule, composée d'une dizaine d'enquêteurs, est chargée des sept affaires ouvertes en France concernant des faits commis en Ukraine et impliquant des ressortissants français. Cinq de ces enquêtes ont été ouvertes depuis l'invasion russe et deux concernent des faits plus anciens au Donbass. Constituée peu après l'offensive des troupes de Vladimir Poutine, cette structure traite également des mains courantes déposées par des réfugiés ukrainiens dans les commissariats ou les brigades de gendarmerie, a ajouté le général Reiland. Des questionnaires en plusieurs langues (ukrainien, russe, anglais, français) ont été diffusés dans les différents établissements des forces de l'ordre pour aider les plaignants.
Les associations d'aide aux réfugiés ont été en outre sensibilisées pour les inciter à venir témoigner.
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"L'objectif est de renseigner ainsi les enquêtes de la Cour pénale internationale et celles des Ukrainiens, ce qui se fait d'ailleurs de la même façon en Europe", a poursuivi le général. Le chef de l'OCLCH a accompagné du 12 au 16 septembre dernier dans la région de Kiev le procureur antiterroriste français Jean-François Ricard. Ils ont assisté aux investigations des autorités judiciaires ukrainiennes demandées par la justice française pour faire avancer ses enquêtes.
Des enquêtes sur la mort de deux journalistes
Parmi les enquêtes ouvertes pour de possibles crimes de guerre contre des Français, deux concernent des journalistes. Pierre Zakrzewski, caméraman franco-irlandais de Fox News tué le 14 mars dernier à Horenka, au nord-ouest de la capitale ukrainienne, après l'attaque de son véhicule. Puis Frédéric Leclerc-Imhoff, un journaliste de BFMTV, assassiné le 30 mai alors qu'il suivait une mission humanitaire dans l'est du pays. Sur place, par exemple, la délégation française a eu accès à la carcasse de la voiture de Pierre Zakrzewki pour faire des prélèvements et une modélisation en 3D. Ensuite des experts détermineront la nature du projectile et d'où le tir est venu.
Il n'a pas été possible en revanche pour la délégation de se rendre plus à l'est où est le véhicule dans lequel le journaliste de BFMTV a été tué. "Mais, a souligné le général, les autorités judiciaires et policières ukrainiennes ont les moyens de faire et sont très au fait des demandes d'entraide".
"La collaboration des autorités judiciaires et policières ukrainiennes a été totale", avait salué le vendredi 23 septembre dernier le procureur Ricard dans une interview à l'AFP.