De la chlorine a été utilisée contre la ville syrienne de Douma en avril 2018, a conclu l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) dans son rapport final sur cette attaque, publié vendredi. Il existe "des motifs raisonnables pour penser qu'un agent chimique toxique a été utilisé comme arme le 7 avril 2018" lors de cette attaque contre Douma, près de Damas, a estimé l'OIAC, ajoutant que "cet agent chimique contenait de la chlorine". Selon le rapport, deux cylindres contenant le gaz toxique sont tombés sur le toit d'une résidence à Douma.
Des conclusions qui confirment celles de juillet. Les conclusions de ce rapport final confirment un rapport provisoire rendu public en juillet, et faisant état du témoignage de médecins selon lesquels l'attaque avait fait une quarantaine de morts. Le rapport ne désigne pas de responsable car à l'époque, cela ne faisait pas partie des attributions de l'OIAC. Depuis, l'organisation s'est vu attribuer le droit d'enquêter sur la responsabilité de toutes les attaques chimiques en Syrie depuis 2014. L'OIAC indique n'avoir pas découvert de preuves d'une utilisation d'agents neurotoxiques, dont avaient fait état auparavant des parties au conflit.
Des analyses toxicologiques et balistiques. Une équipe d'inspecteurs de l'OIAC a recueilli plus de 100 échantillons sur sept sites à Douma lorsqu'ils ont pu accéder à la ville plusieurs semaines après l'attaque. Les inspecteurs ont interviewé des témoins et procédé à une série de tests dont des analyses toxicologiques et balistiques, a précisé l'OIAC. Selon le rapport, "deux cylindres industriels jaunes destinés à contenir du gaz pressurisé" ont été découverts sur les lieux, dont l'un a atterri sur le toit d'un ensemble résidentiel et l'a traversé. "Il est possible que les cylindres aient été la source des substances contenant de la chlorine réactive", selon l'OIAC.
Les vidéos éloquentes. Des témoins ont rapporté aux inspecteurs qu'il y a eu "43 morts des suites de l'attaque chimique supposée, dont la plupart ont été vus sur des vidéos et des photos (gisant) sur le sol de plusieurs étages d'un immeuble d'habitation et en face du même immeuble". Les vidéos attestent d'une exposition des victimes "à une substance irritante ou toxique par inhalation". Elles montrent également des brûlures aux yeux, et de la mousse au niveau de la bouche, sans que ces symptômes puissent être directement liés à une substance spécifique.
L'OIAC a également rejeté la version du régime syrien selon lequel le gaz provenait d'une présumée installation d'armes chimiques des rebelles et d'un entrepôt dans la zone que les inspecteurs ont été autorisés à visiter. "Après l'analyse des informations recueillies au cours des visites de l'entrepôt et des locaux soupçonnés d'être des lieux de production d'armes chimiques, il n'y a pas d'indications que ces installations aient été impliquées dans leur fabrication", ont rapporté les inspecteurs.coluche
"Le régime d'Assad doit stopper, déclarer et détruire son programme d'armes chimiques". Le chef de la diplomatie britannique Jeremy Hunt a affirmé que la Syrie devait désormais tenir sa promesse de détruire l'intégralité de ses armes chimiques, faite en 2013 après la mort de 1.400 personnes dans la région de la Ghouta, près de Damas, lors d'une attaque au gaz sarin selon l'ONU. "Le régime d'Assad doit stopper, déclarer et détruire son programme d'armes chimiques. Nous restons déterminés à demander justice pour les victimes", a tweeté Jeremy Hunt.
Son homologue français Jean-Yves Le Drian a réclamé également "que l'utilisation d'armes chimiques par le régime syrien cesse et que les auteurs de tels actes soient sanctionnés". Il a aussi appelé la communauté internationale "à pleinement coopérer" avec les mécanismes mis en place par l'OIAC "pour permettre l'identification des auteurs de ces attaques".