Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la pandémie, la déforestation continue en Amazonie au Brésil. Plus de 1.200 km² de forêt ont disparu depuis le début de l'année, une augmentation spectaculaire par rapport à la même période l'an passé : 55% de plus, de janvier à avril. Ces données sont basées sur des relevés satellites faits chaque jour depuis 2015. La mesure est récente et là où elle inquiète, c'est qu'en cette saison, il pleut beaucoup, et que la déforestation est en théorie limitée.
"Des signaux d'alerte" à prendre au sérieux
Tout cela doit être validé par des observations sur le terrain, pour confirmer, rappelle Plinio Sist, spécialiste de la gestion durable des forêts tropicales au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Mais il redoute de vivre les mêmes incendies que l'an dernier.
"En ce moment ce qui est fait c'est qu'on abat les arbres; une fois que la végétation a été abattue, on va laisser sécher et il y a fort à craindre qu'à partir du mois de juillet, on retrouve ces phénomènes de feux complètement incontrôlables", s'avance-t-il. Les zones déboisées et arides risquent en effet de faciliter les départs d'incendies. "Il est un peu prématuré de le dire mais je pense que ce sont des signaux d'alerte qui méritent d'être pris au sérieux si l'on ne veut pas connaître à nouveau un été de méga-feux comme l'année dernière."
D'autant que la lutte contre le coronavirus fait passer la forêt au second plan, alors pour sensibiliser au problème, le maire de Manaus, principale ville d'Amazonie, tente de lier les deux enjeux : "Nous avons besoin de personnel médical, de respirateurs, tout ce qui peut permettre de sauver les vies de ceux qui protègent la forêt".
L'an dernier, 10.000 km² de forêt avaient disparu en Amazonie.