Nouveau chapitre dans la crise grecque. Le Premier ministre Alexis Tsipras, l'homme fort de Syriza, a annoncé hier sa démission et a appelé à la tenue d'élections anticipées, peut-être dès le 20 septembre.
"C'est une tactique, c'est décevant". Si les proches de Tsipras évoquent une décision "inévitable" et la quête indispensable d'une majorité plus forte, la rue, elle, commence à se lasser. C'est le cas de Kristina. À 36 ans, cette citoyenne grecque n'a jamais raté la moindre éléction. Mais après l'annonce de Tsipras jeudi, elle confie, au micro d'Europe 1, son ressentiment.
"En sept mois, c'est la troisième élection ! Les grecs sont déjà fatigués par tous ces bouleversements. Il fait des élections le plus tôt possible, avant que nous passions plusieurs mois avec les mesures d'austérité. C'est une tactique. C'est décevant", juge-t-elle.
Un "pari pour tous", dit la presse. Vendredi matin, le visage de Tsipras est sur toutes les unes des quotidiens grecs. "C'est un pari pour tous", écrit le Quotidien des Rédacteurs, journal coopératif de Syriza. Les journaux proches de la droite dénoncent un "scrutin inutile" et des risques pour l'application de l'accord avec les européens.
Les fidèles de Tsipras, eux, ne doutent pas des chances de leur champion. Olga, qui a voté Syriza en janvier, donne raison au Premier ministre. "Il a tout à fait raison de démissionner, dit-elle à Europe 1. Il se dit qu'il va avoir une majorité stable, plus de force : on espère que certaines mesures vont être annulées, révisées, revues, parce que ce n'est pas viable ! C'est une bonne décision parce qu'il a de fortes chances de gagner."
Syriza en ordre de bataille. Le parti d'Alexis Tsipras peut-il retrouver la majorité absolue ? Depuis le début de la crise, la politique grecque a révélé bien des surprises. En attendant, le camp Tsipras fait bloc derrière l'homme d'Athènes. "C'était inévitable. Il faut une majorité beaucoup plus solide, probablement solide aussi pour faire avancer ce programme", dit Stélios Koúloglou, eurodéputé Syriza, joint par Europe 1. Objectif : entrer dans une ère post-accord européen. "Tout le monde a conclu que c'était un accord signé sous des menaces d'expulsion de la zone euro, d'ultimatums, dit l'eurodéputé.
"Il est vrai qu'il n'a pas pu atteindre tous les objectifs mais c'était dû à l'équilibre des forces, très négatif pour nous. On espère qu'on aura des chances d'appliquer notre politique avec une majorité plus stable que maintenant", assure Geórgios Katroúgalos, ministre grec du Travail. Reste à savoir si l'électorat de janvier croit toujours en Tsipras. Une partie de l’électorat de Syriza pourrait bien l'abandonner au profit de l'aile gauche du parti, qui pourrait faire scission.