Une explosion dont Israël et les Palestiniens se rejettent la responsabilité a fait des centaines de morts dans un hôpital de Gaza et provoqué des condamnations internationales et des manifestations à travers le monde musulman, à quelques heures de l'arrivée mercredi du président américain Joe Biden dans la région.
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Le mouvement islamiste Hamas au pouvoir à Gaza a accusé Israël d'être à l'origine de cette frappe mardi soir, que l'armée israélienne a elle imputée à un tir de roquette du Jihad islamique, autre groupe armé palestinien, onze jours après le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël. Le Jihad islamique a démenti et mis lui aussi en cause Israël.
Une "tragédie" pour Poutine, les responsables doivent répondre de leurs actes, dit Modi
La frappe sur un hôpital de Gaza ayant fait des centaines de morts est une "tragédie" a déclaré mercredi Vladimir Poutine lors d'une visite officielle en Chine, en disant espérer une fin rapide du conflit entre Israël et le Hamas. "C'est un évènement horrible, des centaines de morts et de blessés. C'est une catastrophe humanitaire. J'espère vraiment que ce sera un signal montrant qu'il faut mettre fin à ce conflit le plus rapidement", a affirmé le président russe lors d'une conférence de presse.
De son côté, le Premier ministre indien Narendra Modi s'est déclaré mercredi "profondément choqué" par l'explosion meurtrière dans un hôpital à Gaza, affirmant que les responsables devaient "répondre de leurs actes". "Les pertes civiles dans le conflit en cours sont un grave sujet de préoccupation", a écrit Narendra Modi sur X (ex-Twitter)."Les personnes impliquées doivent répondre de leurs actes", a-t-il ajouté.
Israël dit avoir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique
L'armée israélienne a affirmé mercredi avoir "des preuves" de la responsabilité du groupe palestinien Jihad islamique dans l'explosion dans l'enceinte d'un hôpital de Gaza qui a fait des centaines de morts.
"Les preuves, que nous partageons avec vous tous, confirment que l'explosion dans un hôpital de Gaza a été causée par le tir d'une roquette du Jihad islamique ayant échoué", a affirmé le porte-parole militaire Daniel Hagari lors d'une conférence de presse. "Cette analyse professionnelle est basée sur des renseignements, des systèmes opérationnels et des images aériennes, qui ont tous été recoupés".
Les principales informations à retenir :
- Un hôpital de Gaza a été touché par une explosion, Israël et le Hamas s'accusent mutuellement d'en être à l'origine
- Israël dit avoir des "preuves" de la responsabilité du Jihad islamique
- Au moins 200 personnes ont été tuées
- Tsahal promet de fournir "des preuves" pour prouver son innocence
- Le Hezbollah appelle à une "journée de colère" contre Israël
Joe Biden va "reporter" son étape en Jordanie
Le tir a suscité de nombreuses condamnations et des manifestants sont descendus dans les rues à Téhéran, Amman, Istanbul, Tunis ou encore à Beyrouth. A Ramallah, en Cisjordanie occupée, des affrontements ont éclaté mardi soir entre des manifestants appelant au départ du président palestinien Mahmoud Abbas et ses forces de sécurité.
Attendu en Israël, Joe Biden va "reporter" son étape prévue ensuite en Jordanie, a indiqué la Maison Blanche. Joe Biden s'est dit "indigné et profondément attristé par l'explosion", dans un communiqué. La Jordanie avait auparavant annoncé l'annulation d'un sommet auquel Joe Biden devait participer avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, et le président Abbas.
Le Hezbollah appelle à une "journée de colère" contre Israël
Le Croissant rouge palestinien a dénoncé un "crime de guerre", qui a fait "des centaines" de victimes civiles, "dont des femmes, des enfants, des personnels de santé". Le chef de l'ONU Antonio Guterres, qui doit se rendre jeudi en Egypte frontalière de la bande de Gaza pour évoquer l'aide humanitaire, s'est dit mardi soir "horrifié". Les attaques du Hamas "ne peuvent justifier la punition collective des Palestiniens", a-t-il ajouté mercredi depuis Pékin, après avoir dénoncé "les actes terroristes commis par le Hamas le 7 octobre".
Le Hezbollah libanais, allié du Hamas, a appelé à observer une "journée de colère" mercredi pour condamner le "massacre", dont il accuse Israël. Le président iranien Ebrahim Raïssi a décrété une journée de "deuil public" mercredi et prédit que l'attaque contre l'hôpital allait se retourner contre Israël et son allié américain. Mardi, Téhéran avait menacé d'une possible "action préventive" contre Israël, qui prépare une offensive terrestre à Gaza.
Depuis le début de la guerre le 7 octobre, déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas contre Israël, l'armée israélienne bombarde quotidiennement cette enclave de 362 km2, jurant d'éliminer le mouvement islamiste. Ces frappes, qui ont entraîné selon l'ONU le déplacement d'un million de personnes, dont de nombreuses ont trouvé refuge dans des hôpitaux, ont déjà fait plus de 3.000 morts, en majorité des civils, dont des centaines d'enfants, selon les autorités locales.
Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël depuis le début de la guerre, pour la plupart des civils le jour de l'attaque du Hamas qui a aussi enlevé 199 personnes selon l'armée israélienne. Israël a aussi annoncé avoir récupéré les corps de 1.500 membres du Hamas après leur incursion.
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"Je demande aux dirigeants du monde que ma fille nous soit rendue dans l'état où elle se trouve aujourd'hui ainsi que les autres otages", a exhorté mardi Keren Shem, la mère de Mia, une otage franco-israélienne dont une vidéo a été diffusée lundi par le Hamas.
D'intenses négociations impliquant plusieurs pays sont en cours pour tenter de faire libérer les otages. Selon le Hamas, plus d'une vingtaine d'entre eux ont été tués dans les frappes israéliennes.
Le point de passage de Rafah toujours fermé
L'eau et la nourriture manquent pour les 2,4 millions de Gazaouis, privés aussi d'électricité, après le siège imposé par Israël depuis le 9 octobre au petit territoire, déjà soumis à un blocus terrestre, maritime et aérien depuis la prise de pouvoir du Hamas en 2007. Dans le sud de Gaza, où les habitants ont fui par centaines de milliers, suivant un appel à l'évacuation du nord lancé par l'armée israélienne, le point de passage de Rafah, contrôlé par l'Egypte, la seule issue de Gaza vers l'extérieur qui ne soit pas régie par Israël, reste fermé.
Le Caire a appelé mardi Israël à "cesser de viser les environs" du terminal pour laisser entrer l'aide humanitaire "au plus vite". Alors que l'armée israélienne a déployé des dizaines de milliers de soldats autour du territoire palestinien, et le long de la frontière avec le Liban, près de 500.000 civils israéliens ont aussi été évacués pour les éloigner des zones de combat, selon l'armée.
La tension est vive aussi à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs sont quotidiens entre l'armée israélienne et le Hezbollah. En Cisjordanie, un territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, au moins 61 Palestiniens ont été tués depuis le 7 octobre, selon les autorités locales.
A Gaza, l'armée israélienne "commencera ses activités militaires renforcées lorsque le moment sera propice", a déclaré mardi un porte-parole. Une telle opération s'annonce périlleuse sur ce terrain très densément peuplé, alors que le nord du territoire est truffé de tunnels où le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, cache combattants et armes.