Des parlementaires français en voyage en Syrie se sont vus refuser l'accès aux camps de réfugiés dans lesquels sont notamment détenus des ressortissants français et accusent, dans un communiqué, des pressions directement venues de Paris. "C'est avec une très grande déception que notre délégation qui avait passé la frontière syrienne s'est vu refuser de poursuivre son déplacement sur le territoire du Rojava par les autorités kurdes de Syrie", écrivent les députés Frédérique Dumas et Hubert Julien-Laferrière et les eurodéputés Sylvie Guillaume et Mounir Satouri.
D'autres délégations venues de Belgique, Finlande, Allemagne, Autriche et de la région espagnole de Catalogne "ont pu ces dernières semaines se déplacer au Rojava et pour la plupart accéder aux camps", poursuivent-ils. "Nos échanges sur place nous permettent d'affirmer que ce refus est dû à la pression directe des autorités françaises." Contactées par l'AFP, les autorités kurdes n'ont pas fait de commentaires.
Des retours au cas par cas
Certaines organisations et personnalités politiques françaises plaident pour le rapatriement en France des djihadistes détenus dans les camps kurdes et leurs familles. Mais Paris maintient une politique de retour au cas par cas pour ces enfants - 35, majoritairement des orphelins, ont été rapatriés jusqu'ici - et considère que les adultes devraient être jugés sur place.
"La situation dans les camps où sont détenus des ressortissants européens dont de nombreux Français est explosive", constatent les parlementaires de gauche et centre-gauche, aussi accompagnés d'avocats. Évoquant le sort des enfants, ils appellent "instamment à ce que des mesures urgentes soient prises pour que leur sécurité physique, affective et morale soit assurée dans le respect du principe européen de 'l'intérêt supérieur de l'enfant'".
62.000 personnes détenues
Le seul camp d'Al-Hol, le plus grand de Syrie, accueille près de 62.000 personnes, dont plus de 80% de femmes et d'enfants. Il a connu en deux semaines 12 meurtres de déplacés syriens et irakiens, a rapporté l'ONU le mois dernier, tirant la sonnette d'alarme sur "un environnement sécuritaire de plus en plus intenable". Plusieurs évasions ont aussi eu lieu. Quelque 80 femmes françaises, qui avaient rejoint l'État islamique, et 200 enfants sont détenus dans l'ensemble de ces camps.
En décembre, deux avocats missionnés par le Bâtonnier de Paris et l'ONG Avocats sans frontières avaient déjà tentés une opération semblable sans plus de succès. Ils avaient accusé le Consulat général de France à Erbil, en Kurdistan irakien, d'être responsable de leur échec.