"Nous ne sommes pas venus pour célébrer le deuxième anniversaire du Hirak, mais réclamer votre départ." Des milliers de manifestants ont défilé lundi à Alger, et d'autres rassemblements ont eu lieu dans le pays, pour le deuxième anniversaire soulèvement populaire du Hirak, qui s'oppose au régime depuis deux ans. Il s'agit du cortège le plus important dans la capitale depuis la suspension des marches du mouvement le 13 mars 2020 à cause de la pandémie de Covid-19. Les manifestants appellent notamment à la libération de tous les prisonniers d'opinion et réclament un "changement radical" du système algérien.
"Nous espérons que les membres du régime actuel vont partir"
"L'heure fatidique a sonné", pouvait-on lire sur une pancarte à Alger. "Rien n'a changé [depuis les premières manifestations]", a confié de son côté une manifestante au micro d'Europe 1 trois jours après la libération de plusieurs détenus d'opinion, dont le journaliste Khaled Drareni, symbole de la liberté de la presse dans le pays. "Normalement, on ne devrait pas aller en prison [pour son opinion], leur libération n'est donc pas une réussite. Nous voulons une vraie justice, une vraie liberté d'expression."
Des objectifs que veulent également atteindre Naddir et Hammel, deux étudiants croisés un peu plus loin dans le cortège. "Ce qui nous motive ce n'est pas la célébration du 22 février ! Nous espérons que les membres du régime actuel vont partir." "On veut plus de droits et de libertés", ajoute le second.
Des interpellations parfois musclées
Des barrages de police ont été mis en place sur plusieurs axes routiers menant à la capitale et un impressionnant dispositif policier a été déployé en centre-ville. Malgré tout, des protestataires ont commencé à se rassembler à la mi-journée. La police, qui a essayé de les empêcher d'avancer vers la Grande Poste, lieu de rassemblement emblématique du Hirak, a procédé à des interpellations, parfois musclées.
Des marches se déroulaient également en province, notamment à Annaba, Oran, Béjaïa, Sétif, Bouira, Mostaganem et Constantine. "Il y a un dispositif policier monstrueux. Les véhicules de police circulent avec gyrophares et sirènes, créant un climat de peur, un climat anxiogène mais malgré tout les gens ont décidé de sortir", confiait un journaliste d'Oran, dans le nord-ouest du pays. "C'est une marche digne des grands jours", a précisé de son côté un autre journaliste à Constantine, au nord-est.