La famine menace des millions de personnes en Afrique de l'Est, au Nigeria et au Yémen. L’ONU a lancé un cri d’alarme la semaine dernière, craignant que la situation soit pire que lors de la famine de 2011 qui avait tué plus de 260.000 personnes dans cette région.
La guerre et la sécheresse. Plusieurs facteurs viennent expliquer cette situation désastreuse. La guerre en est la première cause, car il y a des conflits dans tous les pays concernés. La sécheresse en est une autre. En Somalie, par exemple, il n'a pas plu une goutte depuis quatre ans. "L'accès à l'eau est une problématique très importante", a constaté Isabelle Moussard Carlsen, d'Action contre la faim, qui s'est rendue en Somalie il y a trois semaines. "Les puits sont asséchés. Des populations doivent marcher jusqu'à 70 kilomètres vers les villages où il y a de l'eau. Sur la route, on voit des carcasses de bétails, des chameaux décédés ou incapables de se lever par manque d'eau. Tous les jours depuis deux mois, beaucoup d'enfants arrivent dans des centres de traitement de la malnutrition aiguë sévère. Leur maman sont également dans des états de nutrition très dégradés", ajoute-t-elle.
Des critères précis pour parler de famine. Mais si la situation est très préoccupante, l'état de famine n'est toutefois pas déclaré en Somalie. Car le mot famine correspond à des critères précis comme un taux de mortalité quotidien supérieur à 2 personnes pour 10.000 et un taux de malnutrition au dessus de 30 %. Le seul pays où la famine est officiellement déclarée aujourd'hui est le Sud-Soudan.
Le message un peu "brouillé". Pour alerter sur la situation en Afrique, l'Onu évoque "la plus grave crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale". Mais dans les faits, elle communique sur des projections. Elle affirme ainsi que 20 millions de personnes seraient directement concernées par la famine. Or ce chiffre mêle des personnes en train d'agoniser à d'autres à qui cela pourrait arriver. "Au Soudan du sud, dans les régions les plus frappées, il y a des populations isolées, quelques dizaines de milliers, de même au Nigéria, des gens qui n'ont plus rien et qui sont condamnés à mourir, dans de brèves échéances si rien n'est fait", précise Rony Brauman, directeur de recherche à Médecins sans frontières. "Au Yémen, où se trouvent aussi les équipes de Médecins sans frontières, je suis un peu plus perplexe, je n'ai entendu aucune information concernant une famine. Ce regroupement amalgame des situations très différentes et il n'éclaire pas sur ce qu'il convient de faire", regrette-t-il.
3,7 milliards de dollars. L'objectif pour l'Onu est d'avoir un discours fort pour éviter la catastrophe et ainsi pousser les États à agir avant que des millions de personnes ne meurent de faim. Elle leur demande quatre milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) d'ici à juillet. Une somme qui ne résoudra toutefois pas tous les problèmes. Les humanitaires soulignent qu'il existe notamment des problèmes d'accès aux victimes. Faire pression sur les belligérants pour obtenir un cessez le feu semble donc nécessaire pour mettre un terme à cette situation.