Les ministres français des Affaires étrangères et des Armées vont tenter lundi à Moscou d'établir une base de "confiance" avec la Russie, sans "naïveté", y compris sur le conflit ukrainien, a déclaré dimanche le chef de la diplomatie française. "Le président de la République a souhaité qu'on puisse essayer d'envisager de passer d'une défiance un peu absolue à des éléments de confiance. C'est ce que nous allons essayer de faire avec Florence Parly à Moscou demain", a expliqué Jean-Yves Le Drian dans l'émission politique Le Grand Rendez-vous Europe 1/CNEWS/Les Echos.
Les deux ministres vont retrouver leurs homologues en format "2+2", dans le cadre d'un dialogue intergouvernemental, pour la première fois depuis l'annexion de la Crimée par la Russie en 2014 qui a replongé le monde dans un parfum de Guerre froide. "On sait que ce sera long. Nous allons là-bas sans naïveté", a souligné le chef de la diplomatie française, interrogé sur les inquiétudes qu'une telle démarche suscite chez les partenaires de la France, des Etats-Unis aux pays de l'est de l'Europe.
Mettre en avant les points d'entente
Le chef du Pentagone Mark Esper a mis en garde lors d'une visite samedi à Paris contre "l'influence néfaste de la Russie sur le continent" européen, qui "vise à affaiblir l'Otan". "On connaît nos désaccords (avec la Russie) mais peut-être pouvons-nous embrayer sur un certain nombre d'accords, la lutte contre le terrorisme, la collaboration dans le spatial, le renforcement de la relation économique, le renforcement des relations entre les sociétés civiles, l'appréciation des crises ensemble", a esquissé Jean-Yves Le Drian.
Les deux ministres vont notamment évoquer les crises en Ukraine, Libye, Syrie, le dossier du nucléaire iranien et les grands enjeux stratégiques, bousculés par la remise en cause des traités sur le contrôle des armements. En Ukraine, "je pense qu'il y a une opportunité, une porte entrouverte pour commencer à avancer sur le règlement de ce conflit", a souligné M. Le Drian, après l'échange samedi de 70 prisonniers entre l'Ukraine et la Russie. "Un échange de prisonniers cela n'avait pas eu lieu depuis longtemps donc je considère que c'est un signe positif d'une bonne évolution, encore faut-il qu'il y en ait d'autres", a-t-il ajouté.
À ce stade, a-t-il toutefois précisé, il n'est pas encore question de lever les sanctions européennes prises contre la Russie.