La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, menacée de destitution, a appelé jeudi à un "grand pacte" incluant une "indispensable réforme politique" pour sortir le Brésil de l'impasse. "Le Brésil a besoin d'un grand pacte et a déjà surmonté des moments difficiles en faisant des pactes (...) Mais un pacte doit avoir comme point de départ le respect du vote populaire et une nécessaire et indispensable réforme politique. C'est le pacte que je recherche", a déclaré Dilma Rousseff à l'issue d'une réunion à la présidence. L'impopulaire dirigeante de gauche, menacée de destitution pour maquillage des comptes publics, n'a de cesse de dénoncer une tentative de coup d'Etat institutionnel, émanant d'une opposition n'ayant pas digéré sa défaite électorale en 2014.
La constitution amendée ? Dilma Rousseff n'a pas détaillé quel type de pacte ou de réforme politique elle appelait de ses voeux. Mais ses propos semblaient faire écho aux prises de positions récentes de plusieurs figures politiques, appelant à la convocation de nouvelles élections pour sortir le pays de la crise politique qui le paralyse en pleine récession économique. Cette possibilité n'est pas prévue par la constitution brésilienne qui devrait pour ce faire être amendée par un vote des deux tiers du parlement.
Une démocratie encore jeune. "Nous vivons des moments bizarres. Un moment où la claire, l'évidente absence de justificatifs juridiques et légaux pour l'impeachment doit faire savoir à ceux qui tentent de promouvoir un coup d'Etat au Brésil qu'ils soumettront le pays à des risques immenses", a ajouté la présidente. Dilma Rousseff a fait valoir que sa destitution dans ces conditions créerait un dangereux précédent pour la jeune démocratie brésilienne. "Il restera pour toujours une menace pour tous et il y en aura toujours qui diront: si le président ne vous plait pas, destituez-le!".
Mercredi, la procédure de destitution a franchi une nouvelle étape: le rapporteur de la Commission parlementaire chargée de présenter un rapport non contraignant sur le sujet a dit que cette procédure devait aller jusqu'au Sénat, auquel revient le dernier mot pour ouvrir ou non un procès en destitution contre Dilma Rousseff. Les 65 députés de cette commission, représentative des forces en présence à l'Assemblée, disposent à présent de deux jours pour amender le texte du rapporteur avant de le voter ou de le rejeter lundi.