Donald Trump passe mardi au volet politique de sa visite d'Etat au Royaume-Uni en rencontrant Theresa May, avec parallèlement une manifestation contre sa venue à Londres où il a été reçu en grande pompe par la reine la veille.
Au moment où le président américain débutera sa journée en discutant commerce avec des chefs d'entreprise britanniques et américains, un ballon le caricaturant en bébé furibond flottera dans le ciel près du Parlement britannique. Déjà déployé lors de sa dernière visite en juillet 2018, il fait office de "mascotte pour la mobilisation massive contre la politique haineuse et clivante de Trump", a dit Leo Murray, militant pour l'environnement et l'un des organisateurs du happening.
Le président américain s'est réjoui lundi que sa visite d'Etat se passe "vraiment bien", assurant n'avoir "encore vu aucune manifestation". Mais le ton devrait changer mardi, des milliers de protestataires étant attendus à Trafalgar Square, au cœur de Londres, dont le chef de l'opposition travailliste, Jeremy Corbyn, qui haranguera la foule. Après sa rencontre avec les milieux économiques, Donald Trump s'entretiendra avec Theresa May, dont il a fustigé la gestion du Brexit juste avant sa visite, puis ils donneront une conférence de presse en début d'après-midi.
C'est une Première ministre sur le départ que Donald Trump rencontre. Elle quittera formellement ses fonctions vendredi, après avoir échoué à mettre en oeuvre la sortie de l'Union européenne. Elle assurera toutefois la transition jusqu'à ce qu'un nouveau chef de gouvernement soit choisi par son Parti conservateur d'ici le 20 juillet. Fidèle à son style, le tempétueux président n'a pas hésité à donner son avis sur le sujet. Peu avant sa venue à Londres, il a jugé que Boris Johnson, ancien ministre des Affaires étrangères, ferait un "excellent" Premier ministre, et recommandé au Royaume-Uni de quitter l'UE sans accord, un scénario auquel s'est toujours opposée Theresa May.
"Un grand accord commercial est possible une fois que le Royaume-Uni se sera débarrassé de ses chaînes", a tweeté lundi soir le président américain, encourageant Londres à claquer la porte du club européen.
Vers un accord commercial dont les conditions seront dictées par Donald Trump ?
La relation commerciale entre les deux pays sera en effet cruciale pour le Royaume-Uni post-Brexit, le pays devant quitter l'Union européenne le 31 octobre au plus tard. "Nous avons le potentiel d'être un partenaire commercial incroyable pour le Royaume-Uni", a assuré Donald Trump dimanche. L'ambassadeur américain au Royaume-Uni Woody Johnson a, lui, affirmé que Washington préparait déjà un accord et qu'il serait "plus rapide qu'aucun autre accord que nous ayons jamais eu".
Il a dit s'attendre à voir Londres ouvrir ses portes aux produits agricoles américains et affirmé que "tout ce qui est commercialisable sera sur la table" des négociations, en réponse à une question sur les vues des entreprises américaines sur le système de santé public britannique (NHS). Mais, preuve que les négociations s'annoncent ardues, un porte-parole du gouvernement britannique a assuré que le NHS ne serait en aucun cas à l'agenda. L'actuelle relation entre les deux pays se fonde "sur un excellent partenariat mais je pense que nous pouvons faire encore mieux" avec "un accord de libre-échange bilatéral", doit déclarer Theresa May lors d'une table-ronde avec des chefs d'entreprise et Donald Trump.
La Première ministre veut encourager une "coopération économique plus large" avec des "marchés libres, équitables et ouverts", selon Downing Street. Mais pour le mouvement "A people's vote", en faveur du maintien dans l'UE, Donald Trump veut une sortie sans accord du bloc européen pour "affaiblir" le Royaume-Uni et "dicter" ses conditions au prochain Premier ministre. D'autres dossiers brûlants devraient être abordés : l'Iran, avec la volonté affichée du Royaume-Uni de défendre l'accord nucléaire que Donald Trump a remis en cause; ou encore l'environnement, les Etats-Unis s'étant retirés de l'Accord de Paris sur le climat.
Des pressions pour faire exclure Huawei
Washington fait aussi pression sur Londres pour exclure Huawei de son réseau 5G. Dimanche, dans le Sunday Times, Donald Trump a demandé au gouvernement britannique de se montrer "très prudent" quant à la place qu'il compte donner au géant chinois des télécoms. La visite de trois jours du président américain avait débuté en fanfare, le président américain qualifiant de "loser total" le maire de Londres, qui avait dénoncé les honneurs réservés au président américain.
L'imprévisible président avait ensuite été accueilli en grande pompe par la reine à Buckingham Palace puis avait pris le thé avec le prince Charles et son épouse Camilla, avant un banquet officiel boudé par plusieurs personnalités politiques. Lors de ce banquet, Donald Trump a loué "l'amitié éternelle entre nos deux peuples", et salué le règne "véritablement remarquable" d'Elizabeth II, qui a été couronnée en 1953. La monarque a elle évoqué l'importance des institutions internationales mises en places après la seconde guerre mondiale "afin que les horreurs du conflit ne se reproduisent plus", dans une allusion à peine voilée adressée à un président ouvertement critique de ces instances.