Donald Trump : "Tout a été inventé par des opposants malades dans leurs têtes"

Donald Trump a attaqué à plusieurs reprises les médias lors de sa première conférence de presse depuis son élection.
Donald Trump a attaqué à plusieurs reprises les médias lors de sa première conférence de presse depuis son élection. © SPENCER PLATT / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
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Donald Trump donnait mercredi sa première conférence de presse après cinq mois de silence. L’occasion pour lui d’esquisser ses premières orientations politiques, mais aussi de répondre aux accusations de scandale qui l’entourent actuellement.

Donald Trump ne fait décidément rien comme les autres. Deux mois après son élection, et quelques jours avant sa prise de fonctions officielle le 20 janvier prochain, le nouveau président américain a donné une conférence de presse assez surréaliste dans son "château" new-yorkais de la Trump Tower.

  • Une conférence sous haute tension

Sa première prise de parole publique depuis cinq mois était d’autant plus scrutée que le milliardaire est accusé depuis mardi d’être impliqué dans une affaire aux allures de roman d’espionnage. D’après les révélations de Buzzfeed, Donald Trump aurait échangé des informations capitales avec le Kremlin pendant des années. Mieux, il aurait été filmé en plein ébat sexuel à Moscou par les services de renseignements russes. Mais comme souvent lorsqu’il se retrouve attaqué, Donald Trump n’a pas déçu son assistance en multipliant les déclarations percutantes et parfois surprenantes.

Il a d’abord choisi de déminer le terrain en envoyant Sean Spicer, un de ses porte-parole, et son vice-président Mike Pence, jouer les francs-tireurs face aux journalistes. Ce sont des "gens de gauche qui détestent tellement le nouveau président qu’ils diffusent de fausses informations à son sujet. C’est scandaleux et irresponsable", entame Sean Spicer. Vite suivi par Mike Pence, qui a pour sa part dénoncé des divulgations "irresponsables et sans fondements".

Le ton est donné. La tirade de Donald Trump ne dévie pas de cette ligne victimaire : "Tout est faux, cela a été inventé par des opposants malades dans leurs têtes. Buzzfeed, c’est quand même une poubelle." Le président a même joint le geste à la parole, refusant de répondre à un journaliste de CNN, qui a relayé le scoop. Martelant ses phrases comme autant de défenses contre les accusations qui pèsent sur lui, Donald Trump est parfois apparu mal à l’aise. Mais il a vite repris le dessus en faisant parler son sens du spectacle et de la rhétorique.

  • La Russie, un dossier brûlant

Première étape : dépersonnaliser le débat, et les questions des journalistes, principalement centrées sur ses liens supposés avec le Kremlin. Pour ce faire, quoi de mieux que d’évoquer sa rivale malheureuse, Hillary Clinton, pour mieux dénoncer une cabale contre lui : "Hillary Clinton a reçu les questions avant notre débat sans qu’elle ne l’ait reconnu. C’est horrible. Si ça avait moi, cela aurait été un scoop. Mais là, personne n’en a parlé." Donald Trump a en revanche concédé que la Russie était bien à l’origine du piratage du parti démocrate.

Deuxième étape : retourner sa relation spéciale avec la Russie à son avantage. C’est chose faite, avec une logique imparable : "Si Poutine aime Trump, c’est un avantage pour nous. Nous avons une relation horrible avec la Russie. Or, la Russie peut nous aider à lutter contre Daech, que l’administration a créé elle-même en faisant le vide au Moyen-Orient."

  • Les craintes de conflits d'intérêts balayées d'un revers de main

Par la suite, Donald Trump et son équipe de communication ont tenté de rassurer sur la probité du milliardaire. Pour ce faire, des piles de dossiers étaient installées à côté du pupitre du nouveau président. Il s’agit des documents signés par le magnat pour céder la gestion de ses affaires à ses deux fils, Don Junior et Eric : "Je n’étais pas obligé, mais je l’ai fait !", se félicite le magnat, qui n’hésite pas à faire d’étranges confessions : "Je vais vous faire une confidence. Pendant le week-end, on m’a proposé 2 milliards de dollars pour faire un deal avec un promoteur très reconnu à Dubaï. Et j’ai décliné, j’ai refusé. Je n’avais pas à le faire, mais je ne veux pas profiter de ma position de président."

Au milieu de cette avalanche de déclarations fracassantes, le président américain n’a pas fait d’annonces en termes de politique intérieure. Il s’est contenté de confirmer que le projet de mur sur la frontière sud des États-Unis devrait être financé par le Mexique et d’assurer qu’il "serait le plus grand créateur d’emplois que Dieu a jamais créé". Dans ce domaine, Donald Trump peut effectivement se targuer de plusieurs succès auprès de géants de l’automobile tels que Ford, Fiat et Chrysler qui ont annoncé leur projet de rouvrir des usines aux États-Unis face à la "lourde taxe de délocalisation" qu’il compte instaurer.

Pendant de longs mois de campagne, les citoyens américains ont découvert la "méthode Trump", très éloignée des pratiques traditionnelles dans la classe politique. Si certains pensaient que la fonction présidentielle pousserait Donald Trump à s’assagir, pour l'instant, il n’en est rien tant le nouveau président américain semble transformer chacune de ses apparitions en reality show. La suite au prochain épisode, pour son investiture officielle le 20 janvier prochain.