Avec sa victoire dans l’Indiana, et l’abandon de ses deux derniers rivaux Ted Cruz et John Kasich, Donald Trump est quasiment sûr d’être investi par son parti lors de la convention républicaine qui se déroulera à Cleveland au mois de juillet. Le milliardaire américain va donc entrer officiellement en campagne - non plus pour l’investiture – mais pour la Maison-Blanche. Et il pourrait faire le choix de se positionner sur une ligne moins provocatrice pour adoucir les plus récalcitrants au sein de son parti.
Le poids de l’entourage et le choix du colistier
"Il a tout intérêt à se normaliser". Pour Julien Zarifian, maître de conférences en civilisation américaine à l’université de Cergy-Pontoise, Donald Trump "n’a de chance de gagner la présidentielle américaine que s’il adopte une attitude plus modérée. Cela lui permettra de rassembler un maximum de républicains autour de lui". Une normalisation qui pourrait passer par un nouvel entourage, issu pourquoi pas de l’establishment.
La voie de la "normalisation" semble déjà se dessiner. Mercredi, Donald Trump a fait savoir qu’il annoncerait le nom de son colistier – celui qui sera vice-président s’il est élu à la Maison-Blanche – au mois de juillet, juste avant la convention. "Ce sera probablement quelqu'un avec une expérience politique. (...) J'aimerais que ce soit quelqu'un qui soit capable d'interagir avec le Sénat, avec le Congrès, pour faire voter des lois", a déclaré le candidat républicain sur ABC.
"Sa seule chance de gagner sera de rassembler"
"Il est possible que Donald Trump s’appuie sur des conseillers issus de l’establishment", analyse Julien Zarifian, "car sa seule chance de gagner sera de rassembler". Un point dont est conscient le candidat qui, dès mercredi, a fait savoir qu’il comptait pacifier le climat au sein de son propre parti, qui ne l’a pas du tout soutenu pendant ces primaires. Le milliardaire devrait aussi annoncer la formation d'un comité chargé de la sélection du futur colistier. Parmi les membres de ce collège, Ben Carson, un temps rival de Trump dans les primaires.
Sur le fond, on attend aussi de connaître le véritable positionnement de Donald Trump. "On sait qu’il n’est pas si conservateur que cela, ce n’est pas un ultra-religieux, par exemple", observe Julien Zarifian. "On peut donc imaginer qu’il a adopté une posture un peu plus dure pour la primaire et qu’il revienne plus modéré. Il a d’ailleurs longtemps été proche des cercles démocrates par le passé", ajoute le spécialiste.
Donald Trump semble donc prêt à tourner la page des primaires. Mais en sera-t-il capable ? "Trump a été choisi par ses électeurs sur un discours et une posture très clairs, il faudra donc veiller à ne pas décevoir cet électorat", prévient le maître de conférences en civilisation américaine. "Et puis il faudra voir s’il est capable de sortir de la démagogie, qui a été son créneau jusqu’à présent".