Emmanuel Macron a exhorté l'Allemagne, où il se voit remettre jeudi un prix européen, à être "à la hauteur" des réformes en Europe rendues plus nécessaires que jamais par l'abandon croissant du multilatéralisme par Donald Trump.
La crise diplomatique ouverte par l'annonce du retrait américain de l'accord sur le nucléaire iranien va peser sur la cérémonie de remise du prix Charlemagne, décerné au président français pour "sa vision forte pour une nouvelle Europe".
Un discours cet après-midi. Accueilli chaleureusement mercredi soir à Aix-la-Chapelle, Emmanuel Macron a appelé les Allemands à changer leur regard sur la France. "Je veux que tout le monde aie pleinement en tête que la France d'aujourd'hui n'est plus celle d'il y a un an. Parfois, dans le débat allemand, que je suis avec beaucoup d'attention, on n'a pas tout le temps intégré que la France avait profondément changé", a-t-il dit. Une dizaine de dirigeants européens assisteront à la remise du prix Charlemagne. Accompagné de son épouse Brigitte, Emmanuel Macron débattra jeudi après-midi avec un millier d'étudiants d'Aix-la-Chapelle, l'un de ses exercices préférés lorsqu'il est en déplacement à l'étranger.
"Garantir" un "ordre multilatéral". C'est Angela Merkel, la chancelière allemande, qui a été désignée pour faire l'éloge européen du jeune chef d'Etat, un an après son entrée en fonction. Mais, dès son arrivée mercredi soir dans la capitale de l'empereur Charlemagne, Emmanuel Macron a donné le ton du débat. "Nous sommes à un moment historique pour l'Europe", a-t-il déclaré moins de 24 heures après l'intervention choc de Donald Trump. L'Europe est désormais "en charge de garantir cet ordre multilatéral que nous avons créé à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et qui est parfois aujourd'hui bousculé", a-t-il ajouté dans une interview à la télévision publique allemande.
Sur le dossier iranien, les Européens font jusqu'à présent bloc face à Washington. Paris et Berlin ont ainsi vite réagi avec Londres mardi soir pour "regretter" la décision de Donald Trump, qu'ils n'ont pas réussi à faire changer d'avis. L'inquiétude est palpable des deux côtés du Rhin.
Le dossier iranien, un test pour l'UE. Pour Paris, la crise sur l'Iran peut être considérée comme un test de la volonté d'établir la "souveraineté européenne" qu'Emmanuel Macron ne cesse d'appeler de ses vœux dans ses discours sur "la refondation" de l'Union européenne. Malgré l'intérêt qu'elles suscitent, ses propositions peinent à enclencher une phase dynamique. Notamment en raison de la tiédeur des réactions en Allemagne, où les idées de créer un budget de la zone euro ou un poste de ministre des Finances de l'Union monétaire font craindre de devoir payer pour les autres pays. "L'Allemagne va avoir à formuler d'ici au mois de juin sa réponse, c'est celle-ci que j'attends et j'espère beaucoup de la chancelière et de son gouvernement pour être à la hauteur de ce moment historique", a déclaré Emmanuel Macron à la télévision publique allemande.