Une entreprise qui fait malgré elle la Une de l'actualité. La société américaine OceanGate Expeditions était propriétaire du Titan, le submersible à bord duquel cinq passagers sont morts en tentant de rallier l'épave du Titanic. Celui-ci a subi dimanche une implosion à environ 2.000 m de profondeur, loin des 4.000 m requis pour visiter le mythique paquebot. Plusieurs voix s'étaient élevées, bien avant cette expédition funeste, pour dénoncer les négligences en matière de sécurité.
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Le PDG d'OceanGate "très attentif à la sécurité"
Il y a cinq ans d'abord, un cadre de la compagnie avait été licencié après avoir émis des doutes sur la sûreté du sous-marin, sur sa capacité à résister à la pression notamment au niveau du hublot. Une quarantaine de scientifique avaient aussi alerté sur les risques d'une approche expérimentale, non-homologuée.
Des arguments que ne veut pas entendre l'un des cofondateurs d'OceanGate, Guillermo Sohnlen, interrogé vendredi matin sur Times Radio. Il affirme que Stockton Rush, le PDG de l'entreprise décédé dans l'implosion, prenait toutes les précautions. "Il était très attentif à la sécurité. Il savait prévoir le danger à la perfection et il connaissait la difficulté de mener une opération dans les fonds marins", assure-t-il, poursuivant : "Je sais par expérience que nous étions extrêmement attachés à la sécurité et que l'atténuation des risques était un élément clé de la culture de l'entreprise".
Impossible de consentir à commettre une infraction sur sa propre personne
Pour se protéger, la société faisait signer une décharge avant la plongée. Un journaliste de CBS rapporte que lors d'un voyage l'année dernière à bord du Titan, il avait pu lire ce document sur lequel le mot "mort" est stipulé trois fois sur la première page. Selon l'avocat pénaliste Alexandre Lazarègue joint par Europe 1, cette décharge reste insuffisante pour protéger OceanGate contre d'éventuelles attaques en justice. "Le contrat avait vocation à permettre à des individus de voyager sous la mer, d'accéder à un site, de le visiter et de revenir vivants", explique-t-il.
L'avocat ajoute que "l'homicide involontaire, la mise en danger d'autrui sont des infractions pénales et il est absolument impossible de consentir à ce qu'on commette une infraction sur votre propre personne". "Si vous avez mis en danger la vie d'autrui de façon délibérée par une négligence grave, vous pouvez engager votre responsabilité pénale. Ça vaut dans le monde anglo-saxon comme sur le territoire de l'Union européenne", expose Alexandre Lazarègue. Pour le moment, personne parmi les familles des victimes n'a engagé de poursuite contre la société.