Ebola : le cap de 1.000 morts franchi en RDC, l'inquiétude redouble
En dépassant la barre des 1.000 morts, l'épidémie d'Ebola qui fait rage en République démocratique du Congo est devenue la deuxième plus grave de l'histoire du virus. Les autorités congolaises et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont par ailleurs dénoncé des "manipulations politiques".
Le cap des 1.000 morts a été franchi vendredi dans l'épidémie de la fièvre hémorragique Ebola en République démocratique du Congo , la deuxième la plus grave de l'histoire du virus, a annoncé le ministère de la Santé.
L'une des plus graves épidémies de l'histoire du virus
Les autorités congolaises et l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont par ailleurs dénoncé des "manipulations politiques" qui attisent l'hostilité contre le personnel médical dans les régions affectées, un facteur qui tend à aggraver l'épidémie. "Au total, il y a eu 1.008 décès (942 confirmés et 66 probables) et 422 personnes guéries", a indiqué le ministère congolais de la Santé dans son bulletin quotidien vendredi soir, neuf mois après la déclaration de l'épidémie le 1er août dans la province du Nord-Kivu (est), et très marginalement dans l'Ituri voisine.
C'est la dixième épidémie sur le sol congolais, et la deuxième la plus grave dans l'histoire du virus après celle qui a menacé l'Afrique de l'Ouest en 2014 (plus de 11.000 morts). "Le taux de létalité globale de l'épidémie est de 65,9%", a ajouté l'autorité sanitaire congolaise, qui orchestre la "riposte" avec l'OMS, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) et quelques ONG.
Plus de 110.000 personnes ont été vaccinées depuis début août. Les deux pays frontaliers - Rwanda et Ouganda - ont aussi vacciné des membres de leur personnel de santé. "Nous anticipons un scénario de transmission continue et intense", a déploré le directeur du programme pour les urgences de l'OMS, Peter Ryan, lors d'une conférence de presse à Genève.
Une épidémie devenue un enjeu politique ?
L'épidémie frappe une région touchée par l'insécurité qui s'est retournée contre les personnels soignants. "Sur 1.008 décès, 523 (51,9%) ont été notifiés dans les zones de Butembo et Katwa", relève le ministère. Dans ces deux localités voisines, le nombre de décès, de cas avérés et de cas suspects est reparti à la hausse après l'attaque des deux Centres de traitement d'Ebola (CTE) fin février-début mars. Un médecin camerounais de l'OMS a été tué le 19 avril à Butembo par des hommes armés alors qu'il dirigeait une réunion d'une équipe anti-Ebola. L'OMS a aussi pour la première fois dénoncé "la manipulation politique" visant à créer un sentiment d'hostilité contre les personnels soignants luttant contre le virus.
Fin décembre 2018, Ebola a servi de prétexte à la Commission électorale (Céni) pour annuler l'élection présidentielle dans la région de Beni-Butembo. Cette décision a provoqué la colère durable des électeurs. "Suite à l'annonce de la Céni, 32 centres de santé ont été attaqués dans la ville de Beni", avait témoigné une responsable des urgences de Médecins sans frontières (MSF) au journal Le Monde. Dans cette région, la population se méfie des autorités qui n'ont pas su mettre fin aux massacres de civils attribués aux miliciens ougandais des ADF.