Dans un communiqué, la France s’est inquiétée dimanche des "conséquences humanitaires dramatiques" de l'offensive lancée mercredi par la Turquie contre les forces kurdes dans le nord de la Syrie. Notre éditorialiste Vincent Hervouët revient au micro d’Europe 1 sur les enjeux géopolitiques de cette attaque.
"Recep Tayyip Erdogan a baptisé l’opération "source de paix". C’est de l’humour froid, comme une morgue. Au sixième jour de l’offensive turque au nord de la Syrie, la source ruisselle de sang. Le sang innocent des civils tués dans les bombardements. Le sang impur de neuf Kurdes exécutés sommairement par les supplétifs arabes que la Turquie emploie en première ligne. Autrefois, ces islamistes se battaient contre Bachar al-Assad. Ils continuent la guerre civile, mais contre les Kurdes.
Au sixième jour, la guerre simplifie toutes les équations. Les Kurdes abandonnés des Américains se précipitent dans les bras des Russes. C’était fatal. Ils appellent Bachar al-Assad au secours. Le tyran triomphe. Les Américains désertent la guerre tribale. La semaine dernière, Washington parlait du repli de quelques soldats de la seule zone frontière. Bas les masques, c’est le millier d’hommes qui remballent.
Les Européens poussent les hauts cris
Les djihadistes aussi font leurs malles. Les femmes et les enfants d’abord, avec la grande évasion du camp d’Aïn Issa : 800 prisonniers qui s’enfuient. Les pères et les maris suivront. C’est écrit.
Les Européens enfin vont au bout de leur logique. Celle de l’impuissance. Ils s’inquiètent, s’indignent, font les gros yeux. Après avoir convoqué le Conseil de Sécurité jeudi, réuni un mini Conseil de défense dimanche soir, la France va poser le problème sur la table du Conseil européen jeudi. Autant allumer des cierges. C’est d’ailleurs ce que l’on fait et ce qu’l’on refera aux prochains attentats."