Vladimir Poutine président à vie ? Le dirigeant incontesté de la Russie, réélu ce dimanche avec 87,28% des voix, n'est pas près d'abandonner son trône. Alors qu'il devait normalement céder sa place en 2024, une loi, adoptée en 2020, offre au maître du Kremlin la possibilité de régner en maître jusqu'en... 2036. Il sera alors âgé de 84 ans.
Jusqu'en 2020, la Constitution russe interdisait de cumuler plus de deux mandats consécutifs. Raison pour laquelle Vladimir Poutine s'était retiré au profit de son Premier ministre, Dmitri Medvedev, en 2008, alors qu'il achevait son deuxième mandat, de quatre ans à l'époque. Jusqu'en 2012, Poutine conservait toutefois une importante mainmise sur le destin de son pays, en sa qualité de président du gouvernement.
Navalny avait critiqué le référendum d'"énorme mensonge"
Mais dès 2008, un amendement constitutionnel laissait déjà présager de la volonté d'inscrire dans la durée l'action du maître du Kremlin russe. Cette année-là, la durée du mandat présidentiel passe de quatre à six ans et Vladimir Poutine, largement élu en 2012, achève, en 2018, sa 14e année à la tête d'un pays qu'il dirigera six ans de plus, jusqu'en 2024, au terme d'un scrutin entaché d'irrégularités. Et c'est donc en 2020 que Poutine lève définitivement le voile sur ses ambitions.
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Soumise au référendum, une réforme constitutionnelle, approuvée à 78% en 2021, remet à zéro le compteur du nombre de mandats présidentiels passés ou en cours. Par ce biais, Vladimir Poutine s'octroie le droit de briguer deux nouveaux mandats à compter de 2024. En réalité, la limitation à deux mandats successifs reste en vigueur mais "ne s’applique pas à ceux qui occupaient le poste de chef de l’État avant l’entrée en vigueur des amendements à la Constitution". Depuis 2021, donc, plus rien ne s'oppose à un maintien au pouvoir du maître du Kremlin jusqu'en 2036. "Qu'ils adoptent une loi permettant au président de vivre éternellement", avait alors tweeté, non sans ironie, l'opposant Evguéni Roïzman, ancien maire d'Ekaterinbourg, tandis qu'Alexeï Navalny, le plus farouche adversaire du Kremlin, mort en détention le mois dernier, avait qualifié ce référendum d'"énorme mensonge".
Сегодня Путин подписал закон разрешающий ему ещё дважды быть президентом.
— Евгений Ройзман (@roizmangbn) April 5, 2021
Пусть вдогонку примут закон, разрешающий президенту жить вечно.
Они реально думают, что если им удалось обмануть человеческие законы, то они сумеют обмануть законы природы.
Garantir "la stabilité, la sécurité et la prospérité" de la Russie
À l'inverse, Vladimir Poutine justifiait ce tour de passe-passe par la nécessité de garantir "la stabilité, la sécurité et la prospérité" de la Russie. Et d'ajouter que, grâce à cette réforme, le pays n'aurait plus besoin de se perdre dans "une quête de successeurs potentiels". Le maître du Kremlin a donc posé la première pierre de cet édifice dès dimanche avec cette large réélection. Si plusieurs dirigeants internationaux - le Chinois Xi Jinping ou encore l'Indien Narendra Modi - ont adressé leurs félicitations à Vladimir Poutine, la plupart des chancelleries occidentales se sont abstenues de tout commentaire élogieux. Berlin, Londres, Paris et le chef de la diplomatie européenne ont, à l'inverse, fustigé un vote sous contrainte, sans opposition et en pleine répression.