15 morts. C'est le bilan humain depuis le début des émeutes au Chili. La grogne sociale est née il y a cinq jours à la suite de l'annonce de l'augmentation du prix des transports publics. Depuis, les gens sont dans la rue et la réponse du président Sebastian Piñera a été d'envoyer l'armée.
Raquel Garrido, franco-chilienne chroniqueuse dans l'émission de télévision Touche pas à mon poste et ancienne porte-parole de la France insoumise, a connu indirectement ce genre de situation, par l'intermédiaire de ses parents. Ces derniers ont en effet dû fuir le Chili dans les années 70, à la suite d'un coup d'Etat militaire contre le président Salvador Allende.
"La jeunesse n'a pas peur"
"Ces images me replongent dans ce que j’ai connu lorsque j’ai découvert les images de 1973. Mes parents ont dû fuir le Chili à cause de l’intervention militaire contre le président élu Salvador Allende. Les militaires que l’on voit aujourd’hui dans les rues de Santiago m’évoquent directement le coup d’Etat de 1973", témoigne-t-elle.
Pour elle, il y a des similitudes entre la situation actuelle et 1973 et, forcément, un traumatisme pour les gens de la génération de ses parents et de la sienne. Raquel Garrido note toutefois un fait caractéristique, "c'est que la jeunesse n'a pas peur". Elle explique : "Je suis bouleversée par les images de concerts de casseroles pacifiques, de chants, par les personnes qui, lorsqu’elles voient les tanks ou les camions lanceurs d’eau arriver, ne fuient pas".
"Les Chiliens ont obtenu l'écoute du gouvernement"
Pour apaiser la situation, le président chilien Sebastian Piñera a annoncé dans la nuit de mardi à mercredi des mesures sociales parmi lesquelles l'augmentation de 20% du minimum retraite et le gel des tarifs de l'électricité. "Les Chiliens ont obtenu l'oreille et l'écoute du gouvernement, c'est une excellente chose", confie Raquel Garrido.
"D’autant que la stratégie du gouvernement, au départ, a été de monter les Chiliens les uns contre les autres en alimentant une peur des pillages. Pendant cinq jours, à la télévision chilienne, la seule chose que l’on a vue, c’est des gens entrer dans des supermarchés pour les piller, voire entrer chez d’autres personnes. Mais les gens ont maintenant des smartphones, il y a d’innombrables vidéos de policiers mettant le feu à des bouches de métro, des pharmacies ou des magasins par exemple. Les gens ne sont pas dupes", livre-t-elle encore.