Emmanuel Macron de nouveau chez le pape, un geste envers les catholiques
Emmanuel Macron a été reçu vendredi au Vatican par le pape François pour la deuxième fois de son quinquennat, un geste envers les catholiques à cinq mois de la présidentielle et dans le sillage du scandale des abus sexuels ayant ébranlé l'Eglise de France.
Emmanuel Macron a été reçu vendredi au Vatican par le pape François pour la deuxième fois de son quinquennat, un geste envers les catholiques à cinq mois de la présidentielle et dans le sillage du scandale des abus sexuels ayant ébranlé l'Église de France. Arrivé à 11h au palais apostolique, le président français a échangé pendant une heure avec le pape, a précisé le Vatican. Il a ensuite été reçu par le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du Vatican, et Mgr Paul Richard Gallagher, secrétaire pour les relations avec les États.
Une discussion en partie sur les crises migratoires
Selon des sources diplomatiques, ces entretiens devaient être l'occasion d'aborder les crises migratoires aux portes de l'Europe, après le naufrage qui a coûté la vie à 27 migrants mercredi dans la Manche , et le rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église en France, sur lequel le pape a déjà exprimé son "immense tristesse" et un sentiment de "honte". Aucun mot cependant sur cette affaire dans le communiqué officiel du Vatican : "la discussion a porté sur un certain nombre de dossiers internationaux, dont la protection de l'environnement à la lumière des résultats de la COP26", "les perspectives de la prochaine présidence française de l'Union européenne", ainsi que sur "l'engagement de la France au Liban, au Moyen-Orient et en Afrique".
"Humanisme avec des règles"
Sur des images diffusées par le Vatican, les deux chefs d'État apparaissent souriants et se tutoient dans une ambiance chaleureuse. Le président a offert au souverain pontife deux biographies d'Ignace de Loyola, fondateur de l'ordre des Jésuites dont est issu le pape argentin : une première, rare, de 1585 et un second ouvrage, "Inigo", de François Sureau, membre de l'Académie française. En retour, le pape lui a offert une peinture sur céramique représentant la basilique Saint-Pierre et des textes papaux.
"Discuter avec le pape, venir échanger sur plusieurs dossiers internationaux était extrêmement important",a déclaré Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse. Le président français est revenu sur la gestion de la crise migratoire, exposant sa vision d'un "humanisme, mais avec des règles" et la nécessité d'"avoir des politiques de coopération avec les pays d'origine et de transit pour éviter ces mouvements subis".
Jeudi, il avait déjà expliqué ses divergences avec le pape sur le sujet des migrants. "On doit accueillir, c'est l'asile constitutionnel (...) En revanche, accueillir tout le monde n'est pas soutenable aux équilibres de nos pays", avait-il dit au journal La Croix.
Ménager l'électorat catholique
Par cette visite au Vatican, un mois après celle de son Premier ministre Jean Castex , Emmanuel Macron ménage un électorat catholique avec qui les relations ont été refroidies par l'adoption de la loi bioéthique ainsi que les restrictions de l'accès aux obsèques et à la tenue des messes pendant la crise sanitaire. Le rappel à la loi concernant le secret de la confession a également été une pomme de discorde. Et une autre tension pourrait surgir s'il inscrivait dans le programme d'un second quinquennat le droit à mourir, comme le souhaitent certains de ses proches.
La visite d'Emmanuel Macron au Vatican est une marque de respect dans une relation qui aura été en dents de scie. En avril 2018, devant les évêques réunis dans le collège des Bernardins, à Paris, Emmanuel Macron avait dit vouloir "réparer le lien entre l'Église et l'État" qui "s'est abîmé". Il a aussi été le premier président à se rendre en visite à Lourdes, en juillet. Mais il avait aussi déclaré, à propos de la loi sur la PMA, que la voix de l'Église sur les sujets de société "ne peut être injonctive".
Autre but de son voyage, la signature du traité du Quirinal, conclu entre la France et l'Italie, qui met l'accent sur le renforcement de la coopération entre les deux pays dans le secteur de la défense et de la sécurité. Ce traité englobe d'autres sujets communs, comme la culture et l'éducation, l'engagement commun en Méditerranée et en Afrique ainsi que la coopération dans le domaine de l'espace, a précisé le gouvernement italien. L'occasion de resserrer les liens avec un allié à un mois du début de la présidence française de l'UE.