Le président français Emmanuel Macron et le président du Conseil européen Donald Tusk s'en sont vivement pris vendredi aux propos tenus par Vladimir Poutine, selon lequel les idées progressistes des démocraties occidentales étaient "obsolètes".
"Je suis convaincu que, dans ce monde plein d'incertitudes, les démocraties libérales ont encore beaucoup à faire et à apporter", a déclaré le chef de l'État au début d'une rencontre bilatérale, en marge du G20 d'Osaka au Japon. "Ce n'est pas le seul modèle mais c'est un modèle qui existe et qui a sa force", a-t-il ajouté, en souhaitant la poursuite du "dialogue entre les démocraties libérales et celles qui peuvent revendiquer de l'être moins".
Pour Poutine, "le progressisme a vécu"
Évoquant l'accueil de migrants en Europe, Vladimir Poutine a, dans une interview publiée dans le Financial Times, estimé que "le progressisme avait vécu". Les progressistes "ne peuvent plus désormais dicter aux gens ce qu'ils doivent faire comme ils ont tenté de le faire ces dernières décennies", a-t-il déclaré au quotidien économique alors que les populistes en Europe et aux États-Unis ont le vent en poupe.
Vladimir Poutine a ainsi critiqué la décision de la chancelière allemande Angela Merkel d'ouvrir la porte à un million de réfugiés en Allemagne, estimant qu'il s'agissait d'une "erreur capitale". "Cette idée progressiste présuppose que l'on ne peut rien faire. Que les migrants peuvent tuer, piller, violer en toute impunité du fait que leurs droits sont protégés", a poursuivi le président russe. "Cette idée est devenue obsolète et est en conflit avec les intérêts de l'immense majorité de la population", a-t-il asséné. Il a en revanche loué la politique de fermeture des frontières aux migrants illégaux du président américain Donald Trump.
Ironisant devant la presse sur le fait que l'insomnie due au décalage horaire lui avait permis de lire l'intégralité de cet entretien, le président du Conseil européen Donald Tusk a également contre-attaqué depuis le Japon. "Je dois dire que je suis en total désaccord avec l'argument selon lequel le progressisme est obsolète. En tant qu'Européens, nous défendons ici avec fermeté et sans équivoque la démocratie progressiste", a dit l'ancien Premier ministre polonais au cours d'une conférence de presse. "Quiconque affirme que la démocratie progressiste est obsolète dit par là-même que les libertés sont obsolètes, que l'État de droit est obsolète et que les droits de l'Homme sont obsolètes", a rétorqué Donald Tusk.